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Jean Sarrus, 1945-2025

Les charlots, pochette pour l'Olympia 1969. Jean Sarrus debout au milieu

Les charlots, pochette pour l’Olympia 1969. Jean Sarrus debout au milieu

Jean Sarrus (11 mai 1945 – 19 février 2025) co-fondateur des Charlots, en constituait le pilier puisqu’il était le seul a être resté toujours présent depuis le début dans le groupe, à l’exception des périodes 1998-2006 et 2012-2013 où Les Charlots s’étaient dissous. Bassiste pour Ronnie Bird, Dick Rivers, Les Problèmes en 1965, avec déjà Rinaldi, coiffé d’un catogan, Rego, Phil (Gérard Filipelli) et à l’arrière, Donald Rieubon à la batterie qui appelé sous les drapeaux, restera peu de temps dans le groupe, et sera finalement remplacé à mi 66 par Jean-Guy Fechner, dit Felix, frère de leur producteur Christian Fechner. 
Ils accompagnent Antoine pour un album et sur scène en 1966, écoutez ces mémorables Contre-élucubrations problématiques. Il ne faut pas oublier ce vent de folie qui commençait à souffler sur une France corsetée et livrée alors aux pâles copies de rock américain des yéyés, qu’Antoine ne portait pas dans son cœur. Avec aussi l’esprit contestataire de cette Ballade à Luis Rego, prisonnier politique (Luis Rego qui était portugais avait fui à 17 ans en 1960 le service militaire en Angola, et avait été prisonnier quelques mois au Portugal sous le régime de Salazar.) 
Jean Sarrus est le compositeur de plusieurs titres de cet album, dont la curieuse dodécaphonie, qui mêle ses paroles parodiques, signées Rinaldi, à une recherche musicale certaine, ou Si c’est la nuit, où la voix (sinon les paroles) de Rinaldi fait merveille sur les guitares, la flûte et la batterie sur une mélodie imparable.  

Les Charloteries 1971 - Détails

Les Charloteries 1971 – Détails

Le groupe s’oriente sous le nom des Charlots vers la chanson burlesque, absurde ou satirique,  où c’est Rego qui se taille la part belle sur les musiques avec les personnages archétypaux Paulette (la reine des paupiettes) ou Albert (le contractuel), tandis que Sarrus signe les slows sur des berceuses au 2eme degré. C’est aussi le début des parodies, telles nos goguettes actuelles, des chansons de caf’conc’ d’avant-guerre ou du répertoire de Boris Vian, et des chansons érotiques.
Il faut attendre 1971 et l’album « Charloteries » pour renouer avec la « création », toujours avec le tandem Rinaldi/Rego de Merci Patron, ou la parodie Sois érotique, mix de Gainsbourg et de Ricet Barrier. L’humour des Charlots, gentiment subversif, leur donne alors une grande popularité.
En même temps, après La Grande Java, où ils rencontrent Zidi, vient le succès (7 millions d’entrée), à la fois pour Zidi le réalisateur, et Les Charlots, du film Les Bidasses en folie, genre de comique troupier où les jeunes d’un groupe pop mettent une fantaisie certaine dans leur service militaire. Si Rego reprend sa liberté après ce premier film, Sarrus et ses trois complices seront au générique des trois suivants, également de grands succès. Des nanars devenus culte. 
Après la séparation d’avec leur producteur Christian Fechner qui refuse un projet de film avec Bertrand Blier, Les Charlots continuent à trois, Sarrus, Phil et Rinaldi et tournent encore cinq Charlots de 1978 à 1984, avec quelquefois la participation de Rego, avec un succès inégal, tandis que les derniers disques musicaux sortis dans les années 80 trouvent moins leur public.

Sarrus, le fidèle, se refuse à ce déclin et finance un nouveau film en 1992, sans Rinaldi, avec un nouveau chanteur, Richard Bonnot, Le retour des Charlots, qui est un échec commercial.

Les vielles fripouilles 2017 - au centre Jean Sarrus

Les vieilles fripouilles 2017 – au centre Jean Sarrus

Il écrit le livre 100 % Charlots en 2004, renoue les liens avec Rinaldi, réenregistre une évocation de leurs grands succès à l’aune des idées nouvelles sous le titre Les Charlots 2008, envisage la reconstitution du groupe en 2009 alors qu’il participe avec Rinaldi à la tournée « Âge tendre et têtes de bois », monte un seul en scène « 100% Charlots ».
C’est là, en juin 2011 qu’il sont reçus par Patrick Sébastien avec cette chanson, Merci patron dont la dernière strophe, sous la rigolade, prend un tour séditieux, telle celle de la Chanson de Craonne, et devrait avec l’actualité nous suggérer quelques idées de révolte : « Nous allons changer de rôle / Vous irez limer la tôle (…) A vous le plaisir de travailler pour nous / Vous serez heureux comme un fou /  Nous serons patrons nous serons patrons /  Ce que vous avez fait pour nous / Nous le referons pour vous ».
En 2012 il publie un deuxième livre, Définitivement Charlots, après le décès de Rinaldi. 

En 2013-2014, il remonte sur scène en Belgique avec Richard Bonnot et Jean-Guy Fechner, de retour, pour un nouvel album en 2023, Ya pas d’âge pour. En 2021 Phil, qui avait quitté le groupe en 1998, décède à son tour.
En 2015 Sarrus fait le bilan chanté du groupe avec Charlots for ever (Alain Turban/ Mario Santageli). En 2017 il fait sa dernière tournée humoristique et musicale en trio, Les vieilles fripouilles avec Alain Turban et Gilles Dreu (qui nous a quittés en janvier). Charlots for ever, Jean !

Le site du documentaire « Les Charlots intimes », c’est ici. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit des Charlots, là

 

« Merci patron » Sarrus et Rinaldi chez Patrick Sebastien, Les années bonheur 2011 Image de prévisualisation YouTube
« Charlots for ever » Sarrus, juin 2015 pour les 50 ans des Charlots  Image de prévisualisation YouTube
« Les vieilles fripouilles », clip officiel 2022 Image de prévisualisation YouTube

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