Marcel et son Orchestre ré-chauffent à nouveau

Marcel et son Orchestre (photo de presse non créditée)
Qui donc a un jour pensé sérieusement qu’on puisse déboulonner ces Boulonnais, même après un long silence de presque trois quinquennats. Sans blague, à la sortie de leur dernier vrai album, Sarko faisait ses valises et Flamby étrennait son scooter flambant neuf dans la cour de l’Élysée. Ce dernier album, prémonitoire, s’appelait Tous les coups sont permis : en treize ans ils l’ont été, preuve que nos rockeurs ont chanté vrai. Eux, c’est Marcel et son Orchestre, qui viennent de reprendre du service avec un dix-septième opus (hors compiles) inespéré tout aussi déconnant que les précédents, peut-être plus rageur encore, plus « dénonciateur » si on en croit leur service de presse.
Tout beau tout neuf, l’album (qui plus est dessiné par Julien Solé, la classe, pour une pochette bédé de plus !), riche de quatorze titres qui vont d’un essentiel (considérations sur un étron flotteur pour le moins rebelle) à l’autre (ces parasites, chiens de garde du Capital, qui sévissent sur les plateaux télés) : deux essentiels du même goût, du Praud au prout. Y’a même une autre titre qui se nomme Le Dégoût, c’est dire s’ils insistent.
En plus, c’est ludique, perfusé de références, de citations, de Bashung à La Reine des Neiges : comme un blind-test pour grands érudits de la chanson !
Car – là je m’adresse à ceux qui ne savent rien de Marcel et son Orchestre comme à ceux qui entre-temps ont choppé l’alzheimer – ces gens-là, qui ne perdent pas le Nord, s’ils forment ce qu’on nomme un groupe de rock festif, n’en n’ont pas moins des propos qui, sous la bonne humeur, le bon humour, regorgent de bons sens politique. Eux ne se sont pas grillé les neurones à l’écoute abusive de C-News : ils philosophent en rock et punk, en ska ou en afro-beat, en rocksteady comme en « pop très sélect », même en cajun, sans blague. Et ça débite, sans la moindre connerie, c’est ça qui les différencie d’une cérémonie des Victoires de la musique où, malgré leurs « costumes à paillettes pleines de plumes comme Elton John », ils y dénoteraient, rendant à jamais ridicules les pitoyables pantins qui s’y retrouvent d’une année l’autre.
Ce retour à la vie discographique a, avouons-le, été précédé d’une compilation (Hits, hits, hits, Hourra !) et par un retour à la scène depuis quelques temps. En fait il y a quelques années, bel élan hélas contrarié par ce Covid qui a contrarié tant de fougue créatrice : ils venaient tout juste de faire un Olympia à la manière d’un phénix renaissant de ses cendres. C’est dire que nos sept olibrius sont fin prêts depuis longtemps à reprendre une vie normale, à nous rassurer : non, la culture n’est pas tout à fait sinistrée en ce beau pays, tant qu’eux et quelques autres du même tonneau y sévissent.
S’ils passent par chez vous, dites-leur oui. Car « Quand on sait pas dire non /On accompagne Christine au concert d’Indochine [...] Quand on sait pas dire non / On héberge un copain qui ramène ses deux chiens / Et on garde pour les vacances les trois chats de Laurence [...] Quand on sait pas dire non / On continue d’acheter au gosse du Nutella… » Allez, chauffe Marcel !
Marcel et son Orchestre, C’est pas à vous qu’ça m’arriverait, At(h)ome 2025. Le site de Marcel et son Orchestre, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’eux, c’est là.
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