Romain Didier, l’art, le talent, la manière

Romain Didier (photos Ghislain Debailleul)
Namur, La Templerie des hiboux, 8 et 9 février 2025,
Double concert de Romain Didier en Belgique. En soirée le samedi et le dimanche en matinée. C’était, pesons le mot, un véritable événement, tant ses venues dans le plat pays sont rarissimes. Le public ne s’y est d’ailleurs pas trompé, la salle affichant archi-complet pour les deux prestations. Cette aubaine, c’est à la fine équipe de la Templerie des hiboux que nous la devons. La même qui nous a permis d’applaudir le Cirque des Mirages voilà deux semaines. Remerciera-t-on jamais assez les directeurs du lieu, Manon et Barnabé, d’avoir si bon goût ?
Bien évidemment, un magnifique piano occupe le côté jardin de la scène, que le chanteur ne quittera que pour l’ultime chanson du spectacle, un réjouissant C’est kiradon entonné a capella. L’imagine-t-on d’ailleurs loin de son clavier ? N’a-t-il pas appelé deux de ses albums-live Piano public et Dans ce piano tout noir ? Nous aurons ainsi tout loisir, le temps d’une prestation de 2 heures, d’apprécier ses compétences de compositeur et d’instrumentiste. A l’applaudimètre, on peut estimer que la note la plus haute lui a été décernée.
Pour lui donner la réplique, un king de la six cordes, dont la maestria n’a d’égale que son sourire, le fabuleux Thierry Garcia (photo ci-contre). Le mot « complicité » paraît bien faible pour évoquer l’étroite relation entre les deux hommes, tant leur osmose musicale atteint des sommets. Pour notre immense plaisir, le guitariste participe pleinement au spectacle, par les petites remarques acerbes qu’il balance en douce sur le patron, les chœurs occasionnels et, bien sûr, son accompagnement virtuose.
Cette somme de talents est au service d’une set-list en béton, parcourant toute la carrière de Romain Didier, de la chanson Anvers, issue de son premier disque de 1981, à nombre de titres extraits de son dernier album en date, Souviens-moi (2021). L’occasion de découvrir ces morceaux plus récents (avec mention spéciale à l’émouvant Merci d’être venus et à la poétique Goutte d’eau), de regoûter à sa quasi-seule chanson populaire L’Aéroport de Fulmucino, de frissonner cyniquement avec Dans ma rue, de sourire des efforts comptables de J’ai noté… Allain Leprest n’est pas oublié, mis à l’honneur à deux reprises, avec L’Olivier (extrait de la Cantate pour un cœur bleu) et la délicate Sur les pointes. Des chansons interprétées avec le métier d’un chanteur aguerri, faisant ressortir les moindres nuances de textes toujours magnifiés par ses compositions.
Cela ne se sait pas assez, Romain Didier est un immense auteur-compositeur-interprète. L’applaudir sur scène permet de s’en convaincre sans effort. Nombreux étaient d’ailleurs les spectateurs qui, à l’issue du concert, se demandaient comment un tel artiste pouvait ainsi passer entre les mailles du filet médiatique et ne pas jouir d’une plus grande popularité. Si vous en avez l’opportunité, courez donc le voir toutes affaires cessantes. Rejoignez le clan des amateurs de l’art Romain.
Le site du Romain Didier, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là.
Un artiste essentiel au sommet de son art.