Frédéric Zeitoun : souvenirs souvenirs…

Frédéric Zeitoun (photo non créditée)

C’est ce 7 février que sort le nouvel album de Frédéric Zeitoun, intitulé Les souvenirs de demain. Un titre qui sonne, détone et étonne, aussi efficace que poétique. C’est aussi celui de la plus belle chanson du disque. Un morceau doté d’une gracieuse mélodie, au ton un peu mélancolique mais pourtant anti-nostalgie, résolument tourné vers l’avenir. « Il est trop tôt (…) pour radoter au présent / Nos petits exploits du passé / Avec toi les plus importants / Sont nos souvenirs de demain ».

Ne nous limitons toutefois pas à la chanson éponyme de l’album, chacune de ses composantes méritant une écoute. Onze chansons au total (douze en comptant un titre doublé), autant de réussites. Bien sûr, chacun goûtera davantage tel ou tel morceau selon ses affinités, mais gageons que tous plairont, tant la sincérité du chanteur transparaît de l’ensemble. Les esprits forts et cyniques auront beau railler son côté boy-scout et sa propension aux bons sentiments, ceux qui savent écouter avec le cœur tomberont sous le charme de l’artiste, partageant ses inquiétudes, s’émouvant de ses confidences, riant de ses plaisanteries acides mais jamais méchantes.

Frédéric Zeitoun est de la vieille école, celle qui a fait ses preuves, celle qui a donné au patrimoine français tant de chansons intemporelles, celle des Claude Lemesle et Pierre Delanoë. En d’autres temps ou d’autres lieux, il aurait probablement écrit pour Joe Dassin ou Sylvie Vartan. Mais si la forme est classique – le couplet-refrain est de rigueur pour chaque morceau -, le propos est actuel, en aucun cas passéiste. C’est notre monde si anxiogène qu’il dépeint dans Le fond de l’air est frais (clin d’œil à l’ami Dutronc) ou Le musée des horreurs. C’est le show-bizz d’aujourd’hui, si frileux et friand des recettes usées jusqu’à la trame, qu’il brocarde dans Le tribute à moi-même. Qu’il soit un véhicule de bonne humeur n’empêche pas l’artiste d’être lucide, grave s’il le faut, armé d’un optimisme de combat toujours.

C’est cependant dans les titres en demi-teinte que l’artiste se montre le plus émouvant. Ainsi Gil Song, délicate chanson sur la nécessité de nourrir des projets et de garder son enthousiasme, qui se mue au final en déclaration d’amour. Ou encore L’éternelle question, qui clôt l’album, que l’on pourrait sous-titrer « Les interrogations d’un agnostique », qui pose le problème de la foi et de sa place dans le monde, sans prétendre y apporter réponse. Ou encore la sensible Jamais fini d’aimer, interprétée d’abord en duo avec Anny Duperey et reprise en solo dans une version plus dépouillée en guise de bonus final.

Résumons donc : Les souvenirs de demain est un très bel album, rempli de chansons solides et bien tournées, aux sujets et aux rythmes variés, interprétées par un artiste au chant clair qui connaît son métier. On y est ému, on sourit, on partage ses angoisses, son amertume ou ses colères… Toute une gamme d’émotions à portée de main, sans mièvrerie ni démagogie. A consommer sans modération.

Frédéric Zeitoun, Les souvenirs de demain, Bayard Musique 2025. Le site de Frédéric Zeitoun, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là. Frédéric Zeitoun se produira au Casino de Paris le 22 juin 2025.

« Le Tribute à moi-même » :