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Aurore Clément « Les amants d’un jour »

CLEMENT Aurore Les rendez-vous d'Anna 1978Moi, j’essuie les verres
Au fond du café
J’ai bien trop à faire
Pour pouvoir rêver
Et dans ce décor
Banal à pleurer
Il me semble encore
Les voir arriver…

Aurore Clément

Paroles : Claude Delécluse et Michelle Senlis, Musique : Marguerite Monnot. Original extrait de l’album « De l’accordéoniste à Milord » (1961) 

Histoire d’une chanson – La chanson au cinéma  

« On ne sait pas d’où ça sort la voix d’une femme », lance Daniel (Jean-Pierre Cassel), personnage des Rendez-vous d’Anna de Chantal Akerman, avant de demander à Anna (Aurore Clément), son amante, de « chanter quelque chose ». Il est allongé sur un lit d’une chambre d’hôtel géométrique et froide ; elle est debout dans cette chambre d’hôtel géométrique et froide.

Anna entonne Les amants d’un jour. Contant l’histoire d’un couple qui vient se donner l’amour et la mort dans une chambre d’hôtel, sous le regard de la tavernière qui essuie ses verres, cette chanson fut interprétée pour la première fois par Edith Piaf en 1956 et enregistrée la même année en face B de Soudain une vallée.

Cette chanson n’a dans cette scène rien d’anodin : le parallèle avec la chambre d’hôtel est vite vu. Mais il y a aussi, en écho avec la nuit secrète d’une autre chambre d’hôtel dans ce long-métrage, l’amour entre femmes : la musique a été composée par la pianiste Marguerite Monnot qui, aux côtés de Piaf, composa également le premier duo d’autrices-compositrices de l’histoire de la chanson. Quant aux paroles, elles sont de Claude Delécluse et Michelle Senlis, compagnes de travail, de lit et de caveau !

Ainsi la cinéaste franco-belge ouvre-t-elle le sens des Amants d’un jour, qui dans son récit cristallise le mythe de l’amour-à-mort – pensons à Célestine et Faldoni, les Amants de Lyon, immortalisés par Gustave Courbet ou, un peu plus gréco-romain, à Pyrame et Thisbé.

La chanson que nous pouvons désormais voir dans un document d’époque a connu un certain succès, côté italien notamment. On en réécoutera enfin les interprétations de Catherine Ribeiro et Alain Bashung — ou celle-ci, réinventée par Patrick Abrial & Jye que nous vous avions présentée en 2018,  peut-être plus confidentielle.

Le film est à voir sur Arte jusqu’au 24 avril 2025.

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