Galim, ces abeilles qui donnent le « la »
« Vas-y respire, tu risques le débord / Allez respire, oh respire encore / Allez laisse fuir, de toute part, de tout pore / Vas-y transpire mon cœur, transporte-moi encore… » Ce disque n’est qu’aspirations, résolutions et revendications. Incitation aussi. C’est le disque de La Quarantaine et la feuille de route qui en découle, que s’impose la chanteuse, elle qui fait miel de ce vers : « Dans la cage de ma poitrine / Un champ de fleurs couvre les parois / Comme un gage de mes origines / Ce sont des abeilles qui me donnent le La ». Onze titres qu’on dira programmatiques, avec intelligence, sensibilité et méthode.
Magali Fournier, notre Galim, est d’un chant différent à celui du tout venant. Ses racines puisent plutôt vers des dames qu’on sait être de rare exigence, des Magny, Ribeiro, Melissmell et autres d’un même bois rare, solide, précieux. On ne la connaît en scène que seule, guitare et samples ; la voici de nouveau partageant son art avec des musiciens (percussions, programmations, claviers, bouzouki, accordéon, violoncelle et piano) : les propos n’en sont que plus valorisés, presque mis en perspective par ces notes qui loin de les noyer les prolongent. « A la quarantaine, on pend ses démons / Et l’on comprend qui l’on est en dedans » : loin de tout galimatias, Galim fait introspection, publique confession, quitte à couper « au montage / au fond de ma mémoire / les ombres du tournage / les flous de la boite noire ».
On l’a toujours tenu pour solide, pour une battante. Là, notre Amazone nous confie ses faiblesses, sa fragilité. « Non, ne dites pas : ça va aller, ça va le faire, t’es une warrior, t’es une guerrière / Évidemment c’est bienveillant mais c’est raté, c’est agaçant, c’est tombé à côté ». La quarantaine est point d’étape. En onze titres, la chanteuse fait le tour de la question. Et nous, passion et compassion, de l’écouter, qui plus est en des chansons prenantes, passionnantes, à l’évidence impliquées. C’est rare d’ainsi pénétrer dans les méandres d’un artiste, dans sa mécanique, ses ressorts, l’usure ou la dynamique. S’il est fréquent qu’un chanteur parle de soi, de ses états d’âmes, c’est rarement, jamais, si intimement, à la manière d’une caméra qui balaie le cœur et les tripes. Oui, ces chansons explorent tant le dedans, le fors intérieur, d’habitude discret, confiné, qu’elles visent l’universel, les grands espaces. On ne peut qu’être touché par une telle confession et des mots pour la dire. « Je l’entends arriver / C’est une poésie timide qui monte à mes lèvres / qui cherche à s’échapper… »
Galim s’incite ou nous incite au goût du risque, à l’action. Sa voix est des plus persuasive qui ne peut que nous revigorer : « Assieds-toi que je t’explique, et s’il le faut moi je t’écris une comptine pour que tu aies le déclic ! / Viens par là que je te la récite, un titre choc, trois mots très explicites : qui mord dîne ! ».
Qui découvrirait Galim par cet album, à la lecture de cette chronique ou d’une autre, aurait d’instinct l’envie viscérale d’en découvrir plus, de plonger dans l’œuvre de cette artiste. N’hésitons pas.
Galim, Desiderata, autoproduit 2024. Le site de Galim, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
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