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Vaslo, déclaration d’amour

Vaslo et Martina Rodriguez à Pertuis Photos ©Catherine Laugier

Vaslo et Martina Rodriguez à Pertuis Photos ©Catherine Laugier

12 octobre 2024, Pertuis, Le 51


Que donne en duo et en petit comité le spectacle vu à trois à Avignon, où les musiciens avaient tant donné, semblant si heureux d’être là, avec Pierre Mahier à la batterie et aux claviers, littéralement aux anges, et Martina Rodriguez et son violoncelle, si forte et fragile, toute en énergie nerveuse ? Une configuration qui a retenu tous les suffrages aussi à la MJC de Venelles, premier spectacle de la saison le 7 septembre, sa mélancolie, son lyrisme, sa « douceur piquante ». Pas d’inquiétude à avoir, Martina qui l’accompagne depuis quelque six ans sait aussi bien planter le décor d’une chanson romantique, avec un fond de désespoir, que donner le rythme et l’élan, accompagner au chœurs, et Vaslo lui-même sait créer tout un monde en véritable homme orchestre entre guitare, clarinette habitée, en magie des pads électro qui lui permettent de se dédoubler en boucles sonores. La complicité naturelle du duo est évidente.

J’ai découvert Vaslo il y a quelque temps déjà, mais le public est vierge pour la plupart de ces chansons qu’il découvre avec ravissement. Le spectacle a repris à peu de choses près celui vu à Avignon, initiant « J’entends, j’entends, le temps des oubliés / Invisibles, intouchables / Ils s’exilent, sans être coupables ». Un texte qui s’engage tout en gardant la juste poésie de mots choisis, sans donner de leçon, pourtant prégnant comme du Victor Hugo, avec ses anaphores qui font refrain. Dès le début l’assemblée suit l’artiste dans ses engagements, ses voyages intérieurs, ses compositions musicales sur sa clarinette qui revit après dix ans de mise au rencart, s’émancipe du classique pour voyager en orient, flirter avec le violoncelle et habiller cette incitation qui le résume tout entier, « Allez », répétée en boucle. Tout en opposition avec ce poème épique d’amour courtois, un de ses premiers titres écrit à quatre mains avec sa mère Evelyne Pichot : « Tu es princesse du passé / L’épée au côté de l’armure (…) Il m’est très dur de t’aimer / J’ai bien trop peur d’être brisé ». Ou une autre, écrite également en duo en 2017, le plus belle des traversées, Phare de terre « J’avance, j’avance ». Mais aussi  l’histoire touchante de celle qui n’a jamais pleuré, ne sachant pas lâcher prise, et qui finira par laisser venir la vague de larmes, une chanson inédite.

PXL_20241012_182619565_309x400Le plaisir vient de ce mélange de chant lyrique, puissant, où les vocalises en liberté, orientalisantes, alternent avec les cris, traduisant souffrances intimes comme colère contre un monde Nous avons tout mélangé, comme disait Prévert, oublié les leçons du passé. À nous de réagir, à l’aide de la musique et de la poésie : « Nous avons tout à créer / Avec rage et désir / Un nouveau son à composer / Une autre page à écrire ». Tout comme Le temps part à vau-l’eau, plus axée sur la protection de la nature, ce sont de longues ballades très écrites, poétiques et virulentes, à la manière d’une Anne Sylvestre, sur des mélodies vibrantes. Une transcendance qu’il mène à la transe, à l’émotion intense, soutenu par l’ énergie de la violoncelliste, la chaleur de cet instrument qu’on dit le plus proche de la voix humaine. Qui sait aussi répondre à ses chuchotements : jetant la Première pierre, « Sans toit ni loi, je m’égare / De mon passé, j’m’empare ».

La plus douce des mélodies annonce la plus inquiétante des chansons, celle qui dit Amor(t) et l’on entend Amour, Amour… qui sidère un instant le public avant les applaudissements. Aussi pour adoucir l’atmosphère Vaslo nous berce de La romance de Nadir, de Bizet qui comme la plupart des airs d’opéra, est un ravissement sur un scénario improbable… qu’on ignore complètement : « Ô nuit enchanteresse… ». Enchaînant sur sa propre définition de l’amour(s), dit, scandé, dans une version plus intime très touchante, dépouillée d’instruments ou des nappes électro de l’album « s’attendre au coup de foudre sans voir le coup de feu »… Puis murmurant les mots tendres d’une nouvelle chanson « Alors j’écris comme je respire des lettres éphémères… » . Enfin, celle que j’espérais, la reprise d’Emmanuelle Cadoret, Ouais, chantée avec pudeur et force en même temps. Car la musique rend les artistes éternels. En rappel l’émotion sera à son comble avec Una furtiva lagrima de l’Élixir d’amour de Donizetti. Tout finira bien sûr avec Cette chanson vous appartient « Pour que s’accordent toutes nos voix ».

Vaslo et Martina tiennent la scène. On ne sait qu’admirer le plus, l’interprétation digne des meilleurs comédiens, tour à tour confidente « Pas faire de vagues » ou puissante, la poésie du texte, l’engagement, la musique si proche, si voyageuse, du klezmer à l’oriental, si simple et si savante, du lyrique au rock et au folk enchanteur. Une âme. Une dame ne pourra retenir son émotion : « Je suis heureuse ». Je crois qu’on ne peut pas dire mieux.

 

Le site de Vaslo, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là. En tournée de concerts, prochaine date à Carquefou le 16 janvier 2025. 
Un collectif d’artistes reprend l’œuvre d’Emmanuelle Cadoret pour faire revivre celle qui a trop tôt disparu (voir ce concert à la Manufacture chanson le 18 octobre)
Le site du 51 à Pertuis, chanson française chez l’habitant avec le programme  détaillé, c’est ici.


« Vagues » 2024 Pan Piper Image de prévisualisation YouTube
« Amours » 2023 clip album Image de prévisualisation YouTube
« Una furtiva Lagrima » 2023 Pan Piper Image de prévisualisation YouTube

 

 

Pertuis Le 51_logo_website 180x161Deuxième concert après Emma la clown et Nathalie Miravette le 14 septembre, le 51 a accueilli le 16 novembre Lise Martin et Valentin Vander dans le répertoire de Vissotsky. Voici les autres concerts programmés :

samedi 14 décembre 2024 : François Puyalto 
samedi 18 janvier 2025 : Bernard Joyet
vendredi 28 février 2025 : David Lafore (à la Médiathèque de Pertuis)
vendredi 28 mars 2025 : Hervé Peyrard, en première partie de Michèle Bernard (au Théâtre municipal)
samedi 26 avril 2025 : Yoanna 
samedi 17 mai 2025 : Augustine Hoffmann
samedi 14 juin 2025 : Nawel Dombrowsky dans son répertoire personnel « Incarnée »

 

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