Piou d’Ambrosio, l’amoureux soleil du Sud
Il est chanteur, un peu slameur et joueur de guitalélé, cet insolite instrument né des amours coupables entre la guitare et l’ukulélé (en fait un ukulélé à six cordes). Ses chansons sont d’une plaisante légèreté, influencées par des musiques du monde, particulièrement celles latines. En fait, ce médaillé d’or du Conservatoire de Montpellier et licencié en musicologie, s’est exilé dans sa jeunesse au Brésil et en Argentine pour « chercher une approche plus populaire de la musique, suite logique de son apprentissage en parallèle de musiques gitanes et manouches dans plusieurs formations montpelliéraines ». Le CV du monsieur est prestigieux, entre tournées étatusiennes, masterclass et tournée en Inde avec l’Institut supérieur de musique de Cuzco (Pérou). Il créé avec Jérémy Bourges la Compagnie Swing’Hommes qui obtient le prix du public au Off d’Avignon pour leur spectacle Beethoven, ce manouche. Avec les guitaristes Pierre Loutriac et Symon Savignoni, il crée le Maestrio, trio qu’on dit « époustouflant de virtuosité et de sensibilité ». Et joue au sein du groupe franco-brésilien Balaïo et de l’orchestre franco-algérien El Djamila dont il est le chef d’orchestre. Il fut aussi le compositeur, l’an passé, de l’hymne de sa ville de cœur, Te quiero Mauguio, « sur une rythme de rumba lente chère à ses contrées camarguaises ». C’est en plus de toutes ces activités que ce féru de Brassens, Brel et Ferré s’est constitué un répertoire de chansons, pour l’heure fort d’une vingtaine de titres (et d’autant de slams) dont Présent, cet album tout neuf, nous est bien plus qu’un échantillon.
Son nom d’artiste est Piou d’Ambrosio (Piou étant ce surnom qui lui a été affectueusement donné par sa famille) mais c’est sous son vrai blase, Pierre Bernon, qu’il signe textes et musiques (et préside, depuis peu, aux destinées du festival « J’ai rendez-vous avec vous » de Saint-Gély-du-Fesc).
C’est le son si particulier de son instrument qui, à tous les sens du terme, donne le la de cet estimable album et de ce qu’on imagine être ses prestations, même si d’autres instruments ont contribué à cet enregistrement en studio.
Un son qui ne sait créer que la gaieté, quand bien même le discours est parfois plus nuancé. Piou d’Ambrosio nous parle ici d’amour, en interpellant souvent la bien-aimée : le « tu » prédomine. Amours, certes, mais en plus compliqué, qui, comme le dit le premier titre de l’album se prête au jeu de Le Chat et la souris. : « Et quand moi j’ai envie / C’est toi qui te caches / Pour entrer dans ta vie / Faut avoir du panache ». Le sujet de l’amour a beau être épuisé, éculé, Piou trouve les mots pour, non le renouveler, mais en tirer encore de belles paroles, qu’il conjugue à tous les temps. Parfois il digresse, relatant la violence policière d’une manif, ou sa propre lutte contre l’alcool pour lequel « il faudra payer l’addiction ». Mais les sentiments l’emportent largement, vus par le prisme du musicien et de l’éternel rêveur qu’il est, souvent par le truchement d’opportuns oiseaux : « On est des oiseaux oisifs / On ne vit que pour l’amour / Notre mythe de Sisyphe / C’est chanter jour après jour ». De fait, Piou d’Ambrosio chante : cet opus garde intact cet enchantement.
Piou d’Ambrosio, Présent, autoproduit 2024. Le site de Piou d’Ambrosio, c’est ici.
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