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Danielle Messia enfin en intégrale !

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Que nous restait-il de Danielle Messia si ce n’est ce titre, De la main gauche, en 1982, devenu un des grands classiques de la chanson, qui fait donc l’objet de multiples reprises dont celle, remarquable, de Louis Capart ? Mais attention au train qui peut en cacher un autre, à la chanson qui masque le reste d’une œuvre. Il serait dommage de s’en tenir à ce seul titre, même s’il culmine.

A l’initiative d’EPM, voici l’intégrale discographique d’un répertoire hélas brutalement interrompu, en 1985, par une leucémie.

Danielle Messia donc, dont les premières traces discographiques remontent à Grattons-Labeur, un groupe folk (nous sommes alors dans la fin des années soixante-dix) dans l’Orléanais, tendance écolo et vie communautaire, où elle chante et joue du violon (on en retrouve trois titres dans ce coffret) dont le seul album recensé, Le Bal des sorciers, est depuis devenu un enviable collector.

Mais ce groupe ne laisse pas la place à l’expression individuelle, la belle y étouffe et s’en échappe pour monter à Paris, en 1978, voir si son avenir ne s’y inscrirait pas. Elle y rencontre Morice Benin, qu’elle suit en tournée. Puis Eddy Schaff, pianiste et accordéoniste qui l’accompagne et la fait travailler. Elle démarche sans succès les cabarets parisiens, finit par être embauchée à L’Écluse. Mais la salle ne se remplit jamais. Au culot, elle envoie des invitations aux professionnels. Seuls le journaliste Jacques Vassal et un Marouani de chez Barclay daignent se déplacer. Bingo : elle signe en 1980 pour un premier album qui sort l’année d’après. Son suivant, qui dans ses plages contient De la main gauche, n’aura guère plus d’écho que le précédent. La dame trépigne d’impatience. Ce n’est que trois ans après que sort Carnaval, son troisième opus. Même si elle eut entre-temps un passage, remarqué comme on dit, au Printemps de Bourges, le succès ne se bouscule pas au portillon.

Mais une lueur vient, immenses lumières de scène en fait : elle est programmée en juin 1985 à Champs-Elysées, l’émission-phare de Drucker. Enfin la reconnaissance, le graal, promesse de gloire à venir.

On sait ce qu’il en sera. Elle se fera porter pâle à son insu : elle est morte à quelques jours du bonheur, vaincue par ce cancer qui la rongeait et l’épuisait depuis deux ans. Son (relatif) succès ne sera que posthume.

C’est dire si l’initiative d’EPM et de son boss, Christian de Tarlé, est la bienvenue. Presque quarante ans après la disparition de l’artiste, c’est comme si on lui rendait enfin justice avec l’intégralité de ses chansons (quatre albums studio et un en public au théâtre de Quimper), des raretés et autres bonus (trente-et-un titres inédits en CD).

Quelques précieux témoignages d’artistes et de journalistes figurent sur ce coffret : Richard Cannavo, Roger Gicquel, Jean-François Kahn, Fabienne Thibault, Clarisse Lavanant, Isabelle Aubret et Jean-Jacques Goldman (qui, en déclarant que « Danielle était une des seules filles en France qui avait du talent », prouve au passage sa grande méconnaissance de la chanson, presque son mépris). Notons que Clarisse Lavanant et Morgane interprètent chacune un titre de Danielle Messia.

Les sincères amateurs de chanson combleront avec ce coffret une singulière lacune dans leur discographie. Car tant qu’on écoutera Danielle Messia, elle ne sera pas tout à fait morte.

 

Danielle Messia, Re-Naissance, coffret 5 CD, Polydor/Universal/EPM 2024. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Danielle Messia, c’est ici.

 

« J’vais m’faire belle » : Image de prévisualisation YouTube

« Avant guerre » : Image de prévisualisation YouTube

« Il voyage en solitaire » (de Gérard Manset) : Image de prévisualisation YouTube

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