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Agnès Bihl, le quotidien du féminin

21 novembre 2024 au Bijou, Toulouse (photo Vincent Capraro)

21 novembre 2024 au Bijou, Toulouse (photo Vincent Capraro)

Avec Vanina s’en va, Véronique Pestel narrait le siècle d’une femme de combat. Plus modeste dans la démarche (et après avoir déjà enregistré, en 2013, 36 heures de la vie d’une femme), Agnès Bihl nous fait, elle, la somme d’un quart de siècle de la vie d’une femme ordinaire (la sienne, ou pas), aux prises avec le quotidien, ses amours (ou pas) et ses emmerdes : tout ce qui fait modestement mais assurément la marche du monde et dont les historiens se foutent comme de leur première dent.

Son précédent album, Il était une femme, remonte à quatre ans. L’inspiration est la même, la belle poursuivant avec cohérence une œuvre singulière, qui décrypte de l’intérieur et en temps réel le féminin : bonheurs, malheurs et servitudes. D’ailleurs, sans que ce soit vraiment une compilation, certains des titres du présent album sont tirés des précédents.

Le verbe et la verve font de nouveau mouche : c’est qu’elle vise bien, la Bihl. Ici, pas de propos empesés, académiques, mais un phrasé populaire et sensible, un vocabulaire au plus près du vécu et des possibles humeurs, de la déprime même. Même s’il elle s’adjoint Jean-Sébastien Bach, c’est pour sa populaire et nerveuse Toccata, de circonstance vu la scène, de ménage plus que de méninges, qu’elle illustre.

25-ans-de-la-vie-d-une-femmeCroyez-le, les mots sont crus. Dis, c’est quoi ce plan cul ? s’inscrit sur la musique de Barbara (c’est une goguette) mais le propos s’en éloigne de beaucoup : l’amant ronfleur déniché sur le net n’est pas à la hauteur de ses prétentions et des espérances de la dame, les paroles expriment sans ambage le dépit, la frustration.

D’une plage à l’autre, nous oscillons entre la tendresse et ce que d’aucuns prendraient pour de la vulgarité, des états d’âmes contrariés, l’euphorie et son contraire. C’est tout Bihl, sans filtre, qui rit, qui pleure (et la jolie reprise de Je pleure, tu pleures, il pleut), qui ne triche pas, transcrivant ses émotions, mêmes et surtout contradictoires, en chansons. En 36 heures comme en 25 ans, juré qu’on passe et repasse par toute cette gamme d’émotions, bien cinquante nuances de grâce ou de grimaces.

Très majoritairement composé par la fidèle Dorothée Daniel et par Giovanni Mirabassi, l’album est un piano-voix entre Agnès Bihl et (à un titre près) Clémence Monnier. De telles confessions, avant d’être éventées, de partir aux quatre vents, se devaient une telle complicité. C’est ainsi que ces titres, qui, tendres ou osés, souvent frôlent l’impudeur, arrivent à nous : pas comme ceux d’un disque tiré du tout venant, somme toute banal, mais comme un témoignage qui scelle la grande complicité entre la chanteuse et son public. L’une des chansons répète souvent « Signe particulier : néant » mais cet album nous dit l’exact contraire : Agnès Bihl et son répertoire – son œuvre – ont tout de singulier. En être auditeur, c’est signer un contrat de confiance.

 

Agnès Bihl, 25 ans de la vie d’une femme, Signe particulier/L’Autre Distribution 2024. Le site d’Agnès Bihl, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

 

« Jamais plus jamais » (ici en duo avec Yves Jamait) : Image de prévisualisation YouTube

« Pleure pas Casanova » : Image de prévisualisation YouTube

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