Márcio Faraco « Sur un fil »
J’ai marché sur un fil depuis le Sahara,
J’ai croisé des reptiles, des rapac’s et des rats.
J’ai marché sur un fil entre deux continents,
Peu importe les villes, j’y ai trouvé des gens.
J’ai marché sur un fil, pour venir jusqu’à toi,
Et je suis tombé pile, où tu ouvrais tes bras.
J’ai marché sur un fil, ballotté par le vent,
Où la peur infantile, m’aura cloué souvent.
Márcio Faraco
Paroles Philippe Thivet, Musique Márcio Faraco. Extrait de l’album « L’électricien de la ville lumière » 2021
Une chanson délicate qui évoque l’amour incertain mais qui aboutit malgré tous les aléas, et aussi la situation de Márcio, artiste brésilien qui vit en France depuis les années 1990. Jouant des musiques traditionnelles du Brésil comme des compositions personnelles, il se produit dans des Festivals internationaux de jazz, des Music-halls ou des clubs de jazz. S’il lui arrive d’introduire quelques chansons en français dans ses albums, comme ce Paris, avec entre autres Lionel Suarez à l’accordéon, dans l’album Cajueiro (2014), ou de reprendre en bossa quelque chanson mythique, comme À quoi ça sert l’amour, c’est avec cet album sorti en fin d’année 2021 qu’il réalise son premier album entièrement en français.
Pourquoi ce titre d’album ? Tout simplement parce que l’auteur de la plupart de ces chansons, Philippe Thivet, est électricien à Paris. Il se décrit dans la chanson-titre avec poésie sur fond d’accordéon comme un poète de lumière et de lune. Si les textes sont dans un français subtilement poétique, la musique en est totalement brésilienne, à dominante mélancolique et douce.
On y trouve aussi un titre d’Alain Gerber, Plus de mille jours, à la nostalgie toute brésilienne, Il pleut sur Rio, de Dominique Dreyfus, avec Genil Castro à la guitare, comme des pleurs sur les enfants nus de Rio, « Le long des caniveaux les bidonvilles dérivent / Le soleil s’est couché, trempé », mais aussi une reprise plus inattendue de Que je t’aime (Gilles Thibault/Jean Renard). Plutôt que de la chanter avec la passion sensuelle, presque tragique de Johnny Hallyday, il l’interprète comme une découverte de la féminité, dans une bossa d’une extrême douceur, approfondie par la trompette de Stéphane Belmondo.
Ces frères inconnus sont dédiés au clandestin(s), et La solitude complète l’inspiration hautement poétique de cet électricien éclairé dont on ne sait qu’admirer le plus… « C’est le poids de l’exil en plein cœur chez soi (…) C’est la beauté larvée de notre requiem ».
Seule Au partage des eaux, où alterne la voix d’Agnès Jaoui et la sienne, adopte un rythme plus joyeux, dans un duo des plus velouté.
Douze titres pour 52 minutes de pur bonheur baigné d’une tendre mélancolie, autant pour cette interprétation délicate et caressante de cette fine poésie, que pour la musique de toutes les nuances de chanson latine, richement orchestrée d’une dizaine de musiciens – la plupart compagnons de route de Faraco depuis longtemps.
Dernière actualité… décalée : une chanson vieille de 25 ans, écrite par la mère de la chanteuse Clémentine, star française au Japon. Une lettre envoyée par fax, Couleur sépia, sur les souvenirs, mise en musique à l’époque par Faraco, puis oubliée en raison de la sortie du premier album en France chez Universal Jazz, Carioca, édité à Paris en 2000. C’est un Charleston qu’il a mis à la disposition de son public en février 2024 « La vie s’en vient, la vie s’en va / Il ne reste plus rien / Rien qu’un parfum nostalgique / Ténu, mélancolique ». Bien dans la lignée de cet album.
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