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Les Idiots : une chanson pas si bête

Les Idiots (photo de presse non créditée)

Les Idiots (photo de presse non créditée)

Leur bio a beau se targuer d’Arno et de Tom Waits, dès le premier titre l’influence de Renaud est manifeste : cette Rue des Rosiers c’est comme Dans mon HLM, où on explore et décrit qui habite à chaque appart : là encore un panel de la société, du marginal au beauf raciste qui n’aime personne pas même lui. Presque quarante-cinq ans après l’original, la sociologie locative n’a visiblement guère changée. Surtout qu’il y a là-aussi une gamine qui rattrape toutes ces « vies lamentables », comme celle qui naguère « le H elle aime ». « C’est dans les vieux pots » disions-nous à propos de leur précédent album à l’ADN autrement plus pluriel… Dans les vieux potes aussi.

C’est donc avec cette tenace impression, cet héritage rénaldien, qu’à tort ou à raison on aborde la suite de ce nouvel opus. Avec plaisir d’ailleurs, comme si l’œuvre du chanteur énervant se poursuivait, autonome mais, c’est pas idiot, de façon audible, articulée, pas comme le plaintif râle en continu, entre tous navrant, de la matrice d’origine un tantinet épuisée.

Les fidèles lecteurs de NosEnchanteurs connaissent les Idiots. Pour les oublieux, rappelons. Les Idiots sont un trio : Guillaume Boutevillain au chant et à l’écriture, Mikael Garcia à la composition et aux guitares, basse, banjo et ukulélé, et Simon Barbe (méfiez-vous, ils sont tous barbus) à l’accordéon. Ça, c’est sur scène et c’est ainsi qu’ils sortirent leur premier album. En studio pour ce second et pour faire joli, ils sont bien plus, entre violon et violoncelle, orgue et trompette de ci de ça, et batterie à tous les étages. Avec la même énergie, celle d’une chanson populaire servie par un folk-rock plein la musette, avec l’entrain qui sied à ce genre pour le moins festif. Un groupe qui certes ne bouleverse pas la chanson mais se défend bien : qu’il doit être agréable de l’applaudir en concert ! Et de danser dessus : tiens, une polka sur La Belle Hortense, un slow sur de début de Ressauter dans les flaques avant que ça ne vire rock…

les Idiots cdL’écriture est fine, la diction délicate, de quoi satisfaire les vrais amateurs de chanson, par nature plus exigeants. Ce qu’ils nous disent en creux : « J’étais vraiment un mec pas cool / Car je ne comprenais pas les paroles de Jul » avant de comprendre pourquoi « J’ai enfin vu la lumière / Une révélation, comme une réponse à mes prières / Il n’y avait rien à comprendre, c’était ça la solution / Car on n’appelle plus ça chanter / On appelle ça faire un son ». Nos idiots, eux, chantent, haut et fort, qui plus est des propos réjouissants, engageants, engagés, sans chichis. « Nous pourrions à loisir, comme nos camarades de jeu / Faire de la belle chanson française, des refrains sirupeux / Chanter l’amour sans dire la baise… » Ben non, ces trois-là chantent la vie au plus près. Ils le feraient dans un bar (j’ai dans l’idée qu’ils doivent le faire aussi) qu’ils y seraient à leur aise, entre deux verres de rouge, deux ou trois refrains enivrants.

 

Les Idiots, Trésors modestes, Cristal Groupe/L’Autre Distribution 2024. Sortie le 8 novembre 2024. Le site des Idiots, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’eux, c’est là.

 

« Fils de boomer » : Image de prévisualisation YouTube

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