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Stavelot 2024. Jérémie Bossone, hissez le drapeau noir !

Jérémie Bossone (photos Jean Lemaire)

Jérémie Bossone (photos Jean Lemaire)

Abbaye de Stavelot, « 1chanson peut en cacher une autre », 19 octobre 2024,

 

Cette édition 2024 du festival stavelotain est décidément celle de toutes les surprises. Après l’insolite débarquement de la « musique du monde » d’Hervé Lapalud, voici en effet que la séculaire salle voûtée s’offre un véritable concert de rock, comme il y en eut peu en ces lieux honorables. La fameuse fièvre du samedi soir sévirait donc encore ?

L’homme aux semelles de vent venu souffler pour nous ses tornades électriques, c’est Jérémie Bossone. Les lecteurs assidus de NosEnchanteurs ne peuvent que le connaître, au moins de réputation, tant leur revue chansonnière favorite en a déjà chanté les mérites. Me restait toutefois à vérifier que l’artiste démontrerait sur les planches l’excellence que mes estimés confrères lui prêtaient sur papier.

bossone 2bossone 3bossone 4bossone 5Autant le dire vite : nous avons été fixés dès le premier morceau ! D’emblée la salle a frissonné de plaisir, lorsqu’a retenti ce Rien à dire d’ouverture, aux paroles ô combien trompeuses sur la suite du programme. Une rythmique d’enfer, un texte remarquablement construit sur l’angoisse de la page blanche, une diction parfaite qui permet d’en apprécier toutes les nuances… Tout pour rendre fou de bonheur ce public de Stavelot, aussi exigeant sur la qualité du spectacle que généreux dans son écoute.

Pour que la fête soit complète, Jérémie Bossone est venu avec son frère Benjamin aux claviers/machines et Brice « Willis » Guillon à la basse. Selon l’expression médiatiquement consacrée le trio va mettre le feu à la salle, même si l’assistance reste sur sa chaise jusqu’au bout, la combustion restant sagement intérieure. Peut-on lui en vouloir ? Probablement la station assise est-elle celle qui permet le mieux de goûter aux finesses d’écriture de l’auteur… Reconnaissons qu’il serait dommage de se contenter de vibrer aux rythmes trépidants ou oppressants des musiciens, sans apprécier au passage les paroles des chansons, trempées dans l’encrier de la rage, de la révolte et du désespoir et séchées au buvard de la tendresse.

Un concert par ailleurs rondement mené, avec une première partie très rock, s’achevant sur un époustouflant Spirale tout en crescendo, où Jérémie Bossone se révèle autant comédien que dramaturge, faisant évoluer son personnage de l’espoir allègre à la folie destructrice, en passant par l’aigreur. Le Guidoni des débuts aurait pu chanter cela ! S’ensuit une pause acoustique, où, seul à la guitare, il nous régale de quelques titres plus calmes issus de son dernier album en date (Le décembre italien, À Florence, Paese mio…), avant que ne reviennent ses deux acolytes pour une longue ligne droite tout en rock et en puissance. Tout sourire, il nous a même avertis avant d’entamer Décomplexe que généralement, à ce moment-là, le public cassait les chaises ! Pour une fois, il n’en a rien été et la foule en délire restait en voix pour chanter avec lui le refrain de Mélancollective, point d’orgue d’une prestation qui restera dans les annales du festival.

Tout le bien que vous avez pu lire ou entendre au sujet de Jérémie Bossone s’avère donc fondé, et même probablement sous-estimé. Votre seul objectif pour les années à venir sera dès lors d’aller l’applaudir, une fois au moins. Nul doute qu’après cette première rencontre, vous n’aurez qu’une envie : y retourner !

 

Le site de Jérémie Bossone, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

 

« Spirale », en duo à Gourdon 2019, vidéo Alain Withier Image de prévisualisation YouTube

« Décomplexe », en duo à Ivry pour Hexagone, 2015 Image de prévisualisation YouTube

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