Stavelot 2024. Hervé Lapalud & Dramane Dembélé : voyage voyage…
Abbaye de Stavelot, « 1chanson peut en cacher une autre », 18 octobre 2024
En ce vendredi soir, Stavelot s’envole, Stavelot s’évade, Stavelot voyage. Exit les habituels batteries, claviers et guitares, bonjour les koras et le donso ‘n’ goni (pour les cordes), le tama et le bara (pour les percussions), la sanza et la flûte peule (pour les trucs qu’on touche ou qu’on souffle dedans). Ouste le français en solo, place au bambara pour lui tenir chaud ! Ce soir, le festival 1chanson peut en cacher une autre se pare de ses habits les plus chatoyants et nous emmène au Burkina Faso.
Pour ce périple, pas d’inquiétude, nous disposons des deux meilleurs guides qui soient. Tout en barbiche, lunettes et chemise multicolore, surmonté d’un élégant galurin, voici d’abord Hervé Lapalud, facteur de chansons depuis 1993. Celui que les dames abordent en lui disant « Vous, vous êtes un voyageur ! », nous chante-t-il. Autant dire qu’il n’y a aucune tromperie sur la marchandise ! À ses côtés, armé de ses multiples instruments, tout en dreadlocks, lunettes et chemise colorée, son frère quasi-jumeau, son compagnon de sentier, son comparse de scène et de cœur, Dramane Dembélé. Deux sourires ambulants, deux passeurs d’histoires et de rythmes, deux organisateurs de voyage de rêve… En route donc pour le Korafoland !
Ce pays imaginaire n’a pas de frontières, chacun y est le bienvenu, pourvu qu’il soit apte au partage, à la rencontre, à la fraternité. « J’aime cet instant-là où nos regards se croisent », nous murmure le chanteur. Quant à l’assistance nombreuse qui a rempli la salle de l’Abbaye, elle se souviendra longtemps de ce moment enchanté où ce duo malicieux a croisé son chemin.
Elle se rappellera d’avoir entendu de jolis mots et rêvé de belles images, portée par la poésie simple d’Hervé Lapalud, qui nous parle de lui, qui nous parle de nous, qui nous dit nos ressemblances, qui efface nos différences. Elle se souviendra d’avoir médité l’histoire du caillou dans la chaussure, d’avoir partagé les souffrances de ceux qui doivent marcher en laissant tout derrière eux, d’avoir pique-niqué en chœur dans le jardin des amis. Elle se rappellera l’émotion éprouvée en espérant des nouvelles de demain et s’être dit qu’effectivement, ce serait tellement plus simple si tous les gars du monde voulaient se donner la note. Elle gardera en mémoire la joie de vivre d’Ali-Les-Bons-Tuyaux, le vendeur d’eau de Bobo-Dioulasso, et retombera en amour grâce à la tendre peinture charnelle évoquée en clôture de concert.
Elle se remémorera aussi des notes qui se sont élevées sous la voûte ce soir-là, sorties de ces instruments un peu bizarres, si peu courants sur nos scènes, dont les sonorités ont ce mystérieux pouvoir de nous emmener au loin, bien loin de notre grisaille. Tout comme le chant de Dramane Dembélé, dont les mots inconnus résonnaient pourtant en nos cœurs. Le « petit frère » méritait bien que son vieux compagnon lui adresse une lettre emplie d’amour.
Enfin, elle n’oubliera pas ce petit bonhomme, aussi dansant et sautillant que son compère musicien est calme. Un lutin au sourire ravageur, qui n’hésite pas à sortir du cadre pour attirer notre attention sur les beaux pavés sculptés de l’abbaye ou nous vanter les mérites de la tarte au riz, spécialité culinaire de la région qu’il avait découverte l’après-midi même. Partageur au point de faire revenir le groupe de la première partie pour la chanson finale. Gourmand de contacts autant que de bières belges lors des traditionnelles rencontres avec le public qui suivent le concert.
Hervé Lapalud et Dramane Dembélé sont deux beaux artistes. Ils sont aussi deux beaux humains. Courez les applaudir, vous gagnerez sur les deux tableaux à la fois.
ET AVANT CELA
Découverte en première partie de soirée : le groupe bruxellois Tempête bleue, venu avec son premier album paru en 2022, La Traversée. La formation se présente sur son site comme chantant de la P.O.P. (de la poésie orageuse et profonde), avec une musique sensible et atmosphérique et des envolées délicates et puissantes. Verdict ? De jolies couleurs musicales, effectivement, et une chanteuse qui connaît sa matière (on pense même parfois à Maurane, c’est dire). Malheureusement au service de paroles absconses et d’un propos qu’on ne perçoit pas, malgré les grandes introductions explicatives qui nous sont données avant chaque morceau. Copie à améliorer.
La page facebook d’Hervé Lapalud, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. La page facebook de Tempête bleue, c’est ici.
Hervé Lapalud et Dramane Dembélé :
« Si tous les gars du monde », concert Lyon 2020
« Nu », concert Lyon 2020
Tempête bleue :
« La Traversée », clip 2022
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