Erquy 2024. Tan2em, une toute autre vague
5 octobre 2024, festival Le Chant des Vagues, Erquy,
On peut ne pas connaître Tan2em (prononcez Tandem) : le groupe est récent, mais il est un de ses membres que vous ne pouvez qu’identifiez : Kebous (de son vrai blase Laurent Bousquet), le boss des Hurlements d’Léo, plus d’un quart de siècle au compteur de la chanson. Il est aussi du groupe Télégram.
Tan2em est, originellement, la somme de deux duos, deux hommes et deux femmes : deux tandems si vous voulez. Il y a eut depuis un changement partiel de casting, qui au passage en ruina l’exemplaire parité.
Et s’ils sont cinq devant nous sur cette scène éginéenne (c’est ainsi qu’on nomme ceux d’Erquy), ce n’est pas tant le fruit d’accouplement que d’une récente mue qui a vu l’arrivée d’un cinquième membre : Julien, un contrebassiste un peu dingue, à l’évidence essentiel. Reste que le cœur de Tan2em c’est ce duo vocal fait de Juliette et Roméo Kebous, qui crève l’écran. Leur slogan est catégorique : « Tan2em, c’est madame qui pilote et c’est monsieur qui pédale » même si, dans les faits, la conduite semble bien partagée, chacun tenant le guidon en alternance, sans actionner ni l’avertisseur sonore (ou alors sans discontinuer) ni les freins.
Tan2em vous en bouche un coin, qui en impose dès son entrée en scène. Et l’occupe – cette scène – d’un bout à l’autre, sans repos ni répit, alternant gravité et légèreté. Par des textes « touchants » et, pour tout dire, palpables, explorant même « les erreurs boréales / le futur ancestral / l’insolence du cristal / la chaleur du métal ».
Dans la douce et mélodique chanson qui prédomine à ce festival (Bobin, Clio, Cros & Chazelle), Tan2em fait plus que relief sans toutefois être incongru : c’est un condensé d’énergie, un truc propre à réveiller les spectateurs somnolents, un mélange de bluegrass et de rock pour amateur de chansons, où les mots sont précieux et, ce qui est rare chez les rockeurs, prononcés distinctement.
Leur répertoire ? De l’ombre et de la lumière, même quand celle ci ne perce qu’à travers les persiennes, des vies d’ivresses, d’autres en rose, du calme et de la colère. Et des histoires de bagnoles, comme celle de Jimmy, pour le coup habituellement empruntée à Souchon… Et puis cette chanson, inattendue, presque incongrue quand elle se niche parmi d’autres plus légères : « Au bout de la potence, mon âme s’envole et s’en balance… », au demeurant magnifique chanson.
Un concert qui, s’il nous a tous semblé trop court, a délivré tout un flot d’énergie. A Erquy, on nomme ça des vagues.
Le site de Tan2em, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’eux, c’est là.
Les Hurlements d’Léo retourneront en studio en cette fin novembre pour l’enregistrement de leur nouvel album. Dans les bacs au premier semestre 2026.
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