Liberté et Chansons à Aussevielle, N°8
Comme chaque année, le rendez-vous béarnais avec la chanson a eu lieu les 11 et 12 octobre. Comme chaque année, Jacques Ferret s’efforce et parvient à amener dans ce village méconnu, à deux pas de Pau, le meilleur de la chanson vivante. Depuis 2017, la salle des fêtes a vu se produire, entre autres, Jacques Bertin, Michèle Bernard, Alexia, Annelise, Paul Meslet, Véronique Pestel, Rémo Gary, Frédéric Bobin, Claud Michaud, Eric Frasiak, Dominique Babilotte, Lise Martin, Louise O’Sman, Michel Grange, Sarclo, Nicolas Moro, Soham…
Cette année, pour la huitième édition, AnneliSe Roche chantait Barbara le vendredi soir. Bien sûr, la « longue dame brune » attire plus facilement le public que le nom, malheureusement peu connu, d’AnneliSe Roche que nous aurions aimé entendre dans ses propres créations. C’est là propos d’esthète, ou de spécialiste dit-on, mais la réalité oblige à reconnaître que le public populaire, au meilleur sens du terme, boude de plus en plus la chanson si elle ne lui évoque pas quelque souvenir de jeunesse. Je parle de la chanson que certains disent « à texte » ou encore « d’auteur » comme on parle du cinéma.
Il est vrai que les médias — c’est-à-dire la télé ! — ne diffusent pas de chansons qui s’écoutent, mais de la chanson qui fait bouger. Je parle du corps, celui que l’on exalte aux JO, que l’on entretien au fitness, que l’on montre, que l’on contemple. Cette image qui bouge envahissante et futile.
Ce samedi-là à Aussevielle, il y avait de la chanson qui fait bouger l’esprit. L’esprit ? L’aurait-on oublié, celui-là ? Aujourd’hui, la culture est physique, avant tout. A force de mépriser les idées, la bêtise avance à grands pas, depuis la rue avec ses gamins paumés et armés de religion et de kalachnikov jusqu’au plus haut niveau de l’État le plus puissant.
Je m’égare !
Bouger l’esprit, sans douleur, avec même un délicieux plaisir, c’est ainsi qu’on a pu apprécier, chacun dans son style, Agnès Bihl et Bernard Joyet. Ils ont en commun cette lucidité sur l’humanité, cette tendresse délicate et cet humour piquant pour exprimer les détails d’un tableau réaliste de notre monde. Qui, parmi nos lecteurs, ne connaît pas Agnès Bihl et Bernard Joyet ? Je ne m’étendrai pas sur tout le bien que je pense de ces deux artistes majeurs mais je voudrais souligner seulement l’importance de leurs pianistes respectives, dont les talents contribuent à véhiculer vers le public les mots et les idées des auteurs et à souligner toutes les émotions qui les habitent pour nous les faire partager.
Près de Bernard Joyet, Clélia Bressat-Blum a remplacé Nathalie Miravette depuis quelques années, elle a accompagné auparavant Anne Sylvestre, Michèle Bernard et d’autres encore. Enseignant le piano à Lyon, elle est multi-instrumentiste, chef de chœur et comédienne. Elle sait combien les mots de Joyet sont précieux et elle les habille d’un écrin de belle facture.
A côté d’Agnès Bihl, c’est Clémence Monnier qui participe au piano et parfois même à la voix, à la pugnacité ou à la sensibilité de l’entreprise. Musicologue, claveciniste et aussi chanteuse et comédienne, elle est surtout connue comme le membre féminin des Goguettes.
A voir les mines réjouies des spectateurs, sortant de la salle, on peut espérer que la pérennité du festival est désormais acquise, pour peu qu’ils fassent part autour d’eux du plaisir qu’ils y ont pris.
Le site d’AnneliSe Roche, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
Le site d’Agnès Bihl, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
Le site de Bernard Joyet, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
AnneliSe Roche chante Barbara :
Bernard Joyet « Princesse » (en duo avec Nathalie Miravette) :
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