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Stavelot 2024. Jack Simard et Barnabé : l’ombre et la lumière

Jack Simard et ses musiciens Stavelot 2024 photo ©Jean Leamire

Jack Simard et ses musiciens Stavelot 2024 photos ©Jean Lemaire

Abbaye de Stavelot, « Une chanson peut en cacher une autre », 4 octobre 2024

 

« Je m’appelle Jack Simard et j’écris des chansons ». C’est par ces mots que débute sa courte présentation dans le livret du festival Une chanson peut en cacher une autre. Une carte de visite laconique, d’une sobriété à toute épreuve. Un peu trompeuse, pourtant : sont-ce vraiment des chansons qui nous ont été proposées en ce vendredi soir ? Pas de celles que l’on reprend joyeusement en chœur, en tout cas. Pas non plus de celles construites sur le schéma immuable couplet-refrain. Et pas vraiment chantées d’ailleurs, mais plutôt déclamées, scandées, parlées. Du slam ? Un peu de tout, en fait. On résumera donc en disant qu’on a écouté du Jack Simard.

20241004 1992  Jack Simard © EV Jean LemaireEt là, on approche de la vérité : en fait, rien ne ressemble à ce qu’offre Jack Simard ! Un univers sombre, où la lumière se fait rare, où la désillusion règne en maître, où même les mots dont il nous abreuve semblent vains. On s’y situe Trois minutes trente avant la fin des temps et on y crie Bravo pour ce magnifique travail de destruction de la planète que l’homme a entrepris. On s’y résume en quelques mots (Né, élevé et abattu en France) et si tu penses que le chanteur exagère, il te propose de prendre sa place et tu verras si c’est facile… On regarde le spectacle et puis on sort le revolver, alors ? Même pas ! Allez savoir comment, au fond de cette grisaille, subsiste une rage bienfaitrice, qui fait dire Non à ce monde calibré et oppressant et qui nous crie que, contre toute attente, elle est revenue (même si on ne sait pas qui exactement). Surnage envers tout une force de vie, qui s’allie à l’amour inconditionnel d’un chien, à l’espoir consolant qui fait chanter que Demain il fera jour, à la hargne salvatrice qui hurle J’ai faim.

20241004 1877  Jack Simard © EV Jean Lemaire_recadréeLes superbes textes de l’artiste tourneraient toutefois à vide s’ils n’étaient portés par cet accompagnement musical aussi puissant que restreint (Vincent Cegielski à la batterie et Sébastien Valle au clavier) et si l’interprétation virtuose de Jack Simard ne nous emmenait aussi loin. Diction parfaite, gestes précis, il est tout à la fois acteur habité de son répertoire, totalement maître de ses effets, et en don total de sa personne, nous offrant ses doutes et ses failles en pâture, impudique et généreux en même temps. Avec toutefois une petite dose de second degré de bon aloi (« Je m’appelle Jack Simard et je plombe l’ambiance », nous avoue-t-il !).

Au sortir du spectacle, le public est toujours sous le choc. Les poils qui se sont dressés durant plus d’une heure ne sont pas encore retombés, pas plus que n’a déjà fondu la boule nichée dans l’estomac. Chacun y va de son commentaire, en gros ou en détail, précisant souvent quelle a été sa chanson préférée (pour ma part, c’était N’est-ce pas, une pièce d’émotion pure, où l’artiste se demande avec angoisse ce que son amour dira de lui après son départ). Un moment de partage que seul le spectacle vivant peut créer.

C’était sa première venue en Belgique. Il s’appelle Jack Simard, il écrit des chansons, il plombe l’ambiance, il est un magnifique artiste.

 

EN OUVERTURE

Barnabé et ses musiciens Stavelot 2024 photos ©Jean Lemaire

Barnabé et ses musiciens Stavelot 2024 photos ©Jean Lemaire

Comme toujours à Stavelot, le plateau est double chaque soir. L’artiste que nous avons pu applaudir avant d’encaisser le choc simardesque a lui aussi remporté tous les suffrages, bien qu’il officie dans un tout autre registre. C’est en effet le Namurois Barnabé qui a ouvert les hostilités, venu nous présenter son nouvel album Solitaire collectif, dont Nos Enchanteurs vous ont déjà dit tout le bien qu’il faut en penser.

20241004 1846  Barnabé © EV Jean LemaireExcellemment entouré de Stany Mannaert à la guitare et à l’accordéon, d’Aurélie Goudaer au violon et de la grande Line Adam au piano (remplaçant au pied levé le pianiste habituel, tombé malade le matin même), le chanteur nous a emmenés dans son monde de tendresse et de fraternité, à grands coups de ritournelles bien tournées, qu’il interprète avec la maestria du comédien qu’il est aussi.

Il a fait l’unanimité sans coup férir, chacun étant tombé sous le charme de sa simplicité, de son sourire et de son talent d’écriture. « Comment se fait-il qu’il ne soit pas plus connu ? », entendait-on partout durant l’entracte. Programmateurs, si vous voulez rendre votre public heureux, n’hésitez pas : Barnabé est un maître-achat.

 

Le site de Jack Simard c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là.

La page Facebook de Barnabé, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là

Jack Simard,  « Trois minutes avant la fin des temps », audio Image de prévisualisation YouTube
Jack Simard, extraits du concert à La poudrière (Belfort, 2023) Image de prévisualisation YouTube
Barnabé, « Solitaire collectif », audio Image de prévisualisation YouTube

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