Michèle Bernard « Je t’aime plus que la rivière »
Je t’aime plus que la rivière
D’une si claire profondeur
Qu’on y voit briller une pierre
Lisse et froide comme ton cœur.
Je t’aime plus que le vent leste
Et changeant au bord de mon toit,
Et plus que la rose modeste
Qui refleurit toujours.
Pourquoi ? Le vent, la rose, la rivière
Ne m’ont jamais fait de serment.
Tu m’avais promis la lumière
– Je t’aime pour mon châtiment
Michèle Bernard
Poème de Jacques Réda mis en musique par Michèle Bernard. Extrait de « Carnets de Poèmes », 2020
Le poète Jacques Véda (24 janvier 1929 – 30 septembre 2024) vient de disparaître à quatre-vingt quinze ans.
Également journaliste, critique musical notamment de jazz, lecteur puis éditeur chez Gallimard à partir de 1975, il a été directeur de La Nouvelle Revue française de 1987 à 1995 et a reçu pour l’ensemble de son œuvre le Grand prix de poésie de l’Académie Française en 1997 et le Prix Goncourt de la Poésie en 1999.
Ses promenades à Paris et en région parisienne à pied, à vélo ou solex, traquant la nature dans ce milieu urbain, s’extasiant sur un brin d’herbe, ce qui en fait en quelque sorte un précurseur dans notre monde à nouveau en quête de nature et de diversité, ont inspiré nombre de ses ouvrages. Il n’est que d’en lire les titres : Laboureur du silence, L’herbe des talus, Beauté suburbaine, Le sens de la marche, Aller aux mirabelles, La liberté des rues… et encore en 2023 Leçons de l’arbre et du vent. Écrivant au stylo-plume, son style est à la fois simple et juste dans le choix des mots, et respectueux des rythmes et des rimes. Il aimait lire ses poèmes à voix haute, mais peut-on apprécier autrement la poésie…
En 2002 il publie Treize chansons de l’amour noir dont Cinq ont été mises en musique par Michèle Bernard pour son Carnet de Poèmes paru en 2020 chez EPM. Cette chanson est le dernier des treize, le poème y est clair comme un diamant noir et la conclusion fulgurante.
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