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Erquy 2024. Govrache, essentiel !

Govrache (photo d'archives Vincent Capraro)

Govrache en pleine apagogie (photo d’archives Vincent Capraro)

4 octobre 2024, festival Le Chant des Vagues, Erquy,

 

Après la causerie sur La Censure et la chanson* donnée dans l’après-midi dans le même lieu, le concert de Govrache semblait être l’application, les travaux pratiques d’après conférence : l’illustration même d’un répertoire (et du talent de son auteur) qui ne peut qu’être interdit sur les ondes où le slam, comme la chanson, se doit désormais d’être lisse, aseptisé, formaté, inoffensif, aussi creux qu’un vulgaire tube. A l’exact opposé d’un Govrache, pour qui « qu’on ait des ailes ou des couilles / faut savoir s’en servir / sinon ça sert à rien ».

Govrache n’est pas un jeune artiste malléable à souhait, marionnette du showbiz, mais un solide gaillard d’expérience, qui plus est fin observateur et analyste politique autant que poétique. Son flow peut être miel, il est plus encore fiel : « Je suis en colère, m’sieur / parce que j’ai tant serré de boulons / Que je n’peux plus serrer les poings ». Les raisons de sa colère sont innombrables et amplement justifiées.

C’est dans les Côtes d’Armor, face à la mer, là où jadis Uderzo a fixé les paysages coutumiers du village d’Astérix. Quatre mille habitants l’hiver, dix fois plus l’été. Plus d’une centaine d’associations et quelques farouches défenseurs de la chanson française qui résistent à l’envahisseur au point d’organiser cet adorable festival qui vivait là sa deuxième édition.

C’est dans les Côtes d’Armor, face à la mer, là où jadis Uderzo a fixé les paysages coutumiers du village d’Astérix. Quatre mille habitants l’hiver, dix fois plus l’été. Plus d’une centaine d’associations et quelques farouches défenseurs de la chanson française qui résistent à l’envahisseur au point d’organiser cet adorable festival qui vivait là sa deuxième édition.

Après plus de cent trente représentations, son Apagogie arrive à terme (qu’il reprendra juste au printemps pour une tournée québécoise). Apagogie ? un « raisonnement par l’absurde » qui ne l’est pas vraiment dans ses démonstrations sauf à considérer que c’est l’ensemble de notre société qui l’est, dans ses grandes lâchetés comme en ses plus petites détails : Govrache vise juste à chaque instant, dégommant, déboulonnant les tares et ignominies de notre monde schizophrène, celui où les livres sont non-essentiels, où chaque jour on nous vexe d’un « peut mieux faire » comme jadis on blessait Brel d’un sentencieux « au suivant ».

Lui, Govrache, c’est « l’abeille qui résiste à Mosanto », qui n’aime vraiment que « le dieu des petits riens qui ne se prend pas pour le grand tout ». C’est le slameur qui ne se mesure pas en surface commerciale mais dont les mots corrodent nos codes, ruinent utilement les Black Friday.

Les mots de Govrache sont taillés à la pointe de la plus fine des épées : tout un art, précis et précieux.Et notre pourfendeur d’aller aussi, avec grand ciselé, sur le terrain de la tendresse. Oh, cette ode à sa femme, qui est « un peu comme le Finistère dans sa plus belles journée de soleil ». Comme résumer la vie d’un homme, de la naissance au déclin, par sa place à la table familiale : ça nous vaut le plus beau, le plus émouvant morceau de ce récital, Le Bout de la table (vidéo ci-dessous) qui, lui-aussi, ne démériterait pas d’un Brel.

* Conférence de Michel Kemper, créée en juillet 2024 lors du Festival Jean-Ferrat à Antraigues.

 

Le site de Govrache, c’est ici : ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

 

« Le Bout de la table » : Image de prévisualisation YouTube

« Mon dieu à moi » : Image de prévisualisation YouTube

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