Pierre Guénard « Tant mieux »
Tu m’as fait de la peine
Je m’en veux
La coupe est pleine
Et demain est précieux
J’ai pas de haine
J’ai mieux
Perdu mon temps, ma dignité
Si tu m’entends il est temps de m’écouter
Finalement, je m’en vais
J’ai fait gentiment gentiment sans compter
Sur tes sentiments sentiments
Tu m’as gentiment gentiment baladé
C’est un aveu, un adieu, c’est tant mieux !
J’irais vivre mes rêves en mieux
Mes lettres qui s’empilent, mes bouquets fanés
Pierre Guénard
Paroles et Musique Pierre Guénard et Vianney. Monotitre 2024
Ce titre réalisé par Vianney, élaboré à deux en légèreté et en lâcher prise, avec des synthés qui font penser à ceux des années 80, annonce un prochain album pour le printemps 2025 dans un désir de chanson populaire artisanale, sincère et simple, enregistrée en esprit live.
Après l’épisode Radio Elvis, une musique pop-rock-électro ambitieuse et un texte épique embrassant toute la condition humaine, récompensé par une Victoire de la musique en 2017, Pierre Guénard avait envie de se retrouver personnellement, de laisser un peu de côté ce souci de perfection qui l’habitait. Slameur, poète, à la recherche du son comme du sens, le jeune homme à la tête d’adolescent à la Rimbaud ou à la Harry Potter (clin d’œil dans son récent album, Je n’ai plus peur de danser, qui, sorti il y a tout juste un an, fait déjà parti du passé) ne paraît toujours pas son âge – il aura 38 ans au printemps quand sortira ce prochain album. Enfant, il voulait être chanteur ou écrivain : il est devenu les deux, ayant sorti son premier roman, Zéro gloire, l’été 2022.
Je n’ai plus peur de danser, élaboré pendant la longue parenthèse du confinement, était déjà une mise à nu de sensations et de sentiments personnels, qui nous avait marqués : J’ai pas dit oui, en piano-violoncelle, comment sortir par le rêve et la poésie d’une vie ratée, et la plus pop, Je ne t’aime plus, plus cynique.
Il y a la paternité qui se découvre, dans une dansante mélodie, avec l’impression de ressentir un nouveau monde avec Sur le bord, la compassion de J’ai pas les mots (J’ai que mes bras) pour accompagner le deuil, les souvenirs (Fontainebleau) et les regrets de l’enfance , où l’on n’a pas assez communiqué avec ses parents (La guitare de mon père), mais aussi les remords avec La gâchette, une douce mélodie pour parler de la noirceur que chacun peut avoir en soi, le mensonge absolu « Je suis nu comme les autres / J’ai menti pour qu’on m’aime / Et la vérité est laide ». Sans doute la plus émouvante de l’album.
Attendez-moi (j’prends une photo) conclut avec mélancolie et douceur cet album très introspectif par une séquence quasi cinématographique.
On attend ce nouveau virage où l’auteur dit avoir eu envie de faire l’école buissonnière pour ce printemps 2025…
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