Sandra Contour « Rêver c’est pour les autres »

À matin j’me suis levée
Comme à toutes les jours
J’ai pris mon café
J’ai pas trouvé l’amour
Je cherche mes yeux
Sont pas dans l’salon
Reste qu’au moins y pleut
Pas trop dans’ maison

Sandra Contour

Paroles et musique : Sandra Contour. Extrait de l’album J’ai pas d’visite (mai 2024).

Petite mélodie espiègle précède une scène quotidienne. Celle d’un matin difficile, en rimes alternées. Rentrent moelleuses les cordes ; pendulent quelques percussions et bruitages curieux… Puis, rupture (tombée du lit ?), voilà que s’installe le jazz, une certaine légèreté, sur des paroles où pointe la dérision et un antipositivisme bienvenu, dans une oralité toute québécoise.

Normal, Sandra Contour est almatoise, jeannoise d’origine. Comprendre elle vit à Alma, est née au Lac-Saint-Jean – bref dans la Belle Province. L’autrice-compositrice-interprète compose une chanson qui « flatte [l’auditeur] avec du papier sablé » : « on ne sait jamais de quel bord la prendre », rit Sandra Boulanger (de son vrai nom).

Ergothérapeute de métier, son cheminement vers la chanson est fait de petites arrachées de rêves impromptues : un voyage en Australie avec son violon-antidépresseur, une remarque qu’on la verrait bien jouer au Cirque du Soleil, un prof dans son école de jazz (Cégep Saint-Laurent) insistant pour qu’elle se mette aux mots, une rencontre enfin avec le réalisateur Gabriel Desjardins (Klô Pelgag, entre autres). Tout ceci la mène en 2023 à la Première place des arts (concours de la SACEF) et sur la scène des Francouvertes en 2024, tout de même.

Mais « rêver c’est pour les autres » : Sandra Contour suit du doigt les lignes indécises de nos émotions, et nous les distille dans ses textes. En mai sort ainsi J’ai pas d’visite, dont les chansons détissent la solitude du quotidien, dans un soupçon de provoc antilarmoiement. Dans ses propres mots, des chansons pour « pleurire ».

(1) Pour le français moyen, « caresser l’auditeur avec du papier de verre »