Yann Malau, nouveau départ
Son auteur nous dit que c’est un album plus personnel que les deux premiers. Déjà pourtant, il nous les présentait comme des parcours de vie, d’abord en Haute Provence avec ce premier album, puis pour le second, effectuant le passage vers la Bretagne, album déjà réalisé par Jean Humenry. Dans ce troisième opus on retrouve ses sujets de prédilection, la Bretagne bien sûr, la mer et ses légendes ou ses chansons de marin, mais aussi des sentiments plus violents.
Album faisant suite à la période de confinement, catalyseur de problèmes avec Le temps des promesses - contre les politiques, leur absence d’idées comme d’idéaux et leurs médiocres débats – autant que source d’inspiration. C’est à un nouveau tournant de vie qu’a abouti cette remise en question, puisque tout l’album est désormais dédié à sa jeune femme « sa patience, son soutien sans faille et sa créativité » : elle est l’autrice des tableaux abstraits, en vagues et remous colorés qui illustrent l’album. Un album donc dédié à l’amour « Sa main dans la mienne m’emplit de toute sa tendresse / Aujourd’hui comme demain je sens que la peur me délaisse » ou encore : « Vibrant en nous comme une force qui nous rattache comme un totem / Pour être heureux à tout jamais juste deux mots je dis je t’aime » et à l’amitié (un texte de C’Nabum, le conteur ligérien) : « Ayez de la musique au cœur / Elle ouvre un monde enchanteur / Le seul territoire enfantin / Où chanter vous met en chemin. »
Des amis qui veulent lui faire plaisir, des auteurs aussi qui lui ont confié leurs mots : Jean-Pierre Fauré et son Vaisseau fantôme, renouant avec les chants de mer et de marin, encore C’Nabum pour ces Traîneux de grève, tout à la fois bretons, marins et baladins, qu’on dirait écrit par Couté lui-même, auquel il emprunte ses Moulins morts, métaphore des amours finissantes, et aussi Dans vos yeux, sur un amour déçu : « Je ne vois rien à cette heure / Hors que l’amour est un leurre ». Danielle Doucet avec l’Orgueilleuse, renoue avec le mythe de la femme fatale : « Aimer c’est donner, elle ne sait que prendre / Elle ne fait pas l’amour, mais disperse sa rage » pour un texte vengeur.
C’est ce qu’on pourrait reprocher à cet album, de donner un point de vue forcément subjectif mêlant ressentiment d’amours ou d’amitiés déçues, remuant désillusion et esprit de revanche plutôt que de tourner la page, du premier au dernier texte de l’album.
Toutefois cette énergie négative a été bien convertie par l’ensemble des musiciens (Jacky Tricoire aux guitares, Pascal Sarton à la (contre)basse, Patrice Trochu à l’accordéon, et Rory Delany aux instruments traditionnels (uileann pipe, violon) avec le piano, la programmation et les arrangements de Jean Humenry – qui donne aussi le beau texte de Même si t’as d’la veine en l’honneur d’un père mineur de fond – en un folk pêchu, rythmé, rock entraînant ou grinçant (voir la chanson bilan À ma fenêtre), modernisant jusqu’aux chansons de marin ou même la poésie traditionnelle de Couté, faisant renaître l’espoir : « Déjà l’aube éclaircit / Le moulin …et mon cœur aussi / Holà ! Holà meunier qui dors / Ressuscite les moulins morts ».
Hervé Fevrier inscrit la Bretagne dans l’histoire avec le Marbre celte, et Yann Malau lui-même, qui aime faire revivre les vieilles légendes bretonnes, nous conte les Enfants d’Aïse, dont l’île un jour disparut emportée par les flots en baie de Quiberon, laissant seulement en témoignage le cierge de Birvideaux, « phare, dernier signal planté comme un hommage » à ces paroissiens chantant en procession. Il sait aussi évoquer les anciens rappelant leurs souvenirs d’antiques voiliers, sur la musique du compagnon Olivier Rech Le long de la jetée, texte plus positif que celui, infiniment mélancolique, des Vieux. Pourtant paradoxalement apaisée sur de mélodieux arpèges de guitare, cette dernière chanson aurait pu finir plus agréablement l’album.
Yann Malau, À travers la fenêtre, autoproduit 2024. Le site internet de Yann Malau, c’est ici. Ce que Nos enchanteurs en a déjà dit, là. On peut écouter et se procurer l’album digital sur Bandcamp ou en CD sur la boutique du site.
Malheureusement aucune des chansons n’est disponible en vidéo avec l’orchestration et les arrangements élaborés de l’album. On se contentera d’écouter les versions plus anciennes, comme un premier stade :
« Le temps des promesses », en acoustique guitare sèche en 2022
« Aux enfants d’Aïse », en acoustique 2020
« Le long de la jetée », clip 2016 en duo avec Olivier Rech, qui ne chante pas dans l’album
Merci Chère Catherine,
de bons moments à travailler avec Yann pour tenter de le faire sortir de sa zone de confort, à le mettre en confiance.
Dès lors qu’il a compris que mes deux merveilleux camarades, amis de plus 40 ans et musiciens généreux, la route a été belle avec lui.
Acceptant ma direction attentive: direction vocale, légères corrections de textes à la prise de son.
Il est vrai que son projet n’était pas si simple, tu l’as noté, il fallait faire oublier son aigreur face à des désillusions, ses règlements de compte.
Yann a grimpé les marches, un espace plus large s’étale autour de lui. Il va cheminer sur les Monts d’Arrée, vers des temps plus lumineux qui ont commencé à transparaître au delà de sa fenêtre.
Plus de douceur pour lui, plus de confiance…La Vie n’est jamais finie
Jean