Barjac 2024. Ben Herbert Larue, retenir son souffle
Sauvé dans Anne-Marie Panigada, En scène, Festivals, Francis Panigada, L'Équipe
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Pour tous ceux qui suivent avec attention le fil de nos articles, Ben Herbert Larue n’est plus un inconnu. De Barjac à Avignon, de Mouhet à Mozac en passant par Stavelot, de comptes-rendus de concerts en chroniques de disques, l’ensemble de nos rédacteurs a salué le parcours de cet artiste qui a, lors de chacun de ses passages, séduit le public. Le retour espéré au festival de Barjac, cette fois sur la grande scène de l’esplanade du château, ne pouvait que nous enchanter. Ce fut, de toute évidence, un retour mérité et chaleureusement salué par les festivaliers.
Bien des choses ont été dites et écrites sur Ben Herbert Larue, la filiation avec quelques grands écorchés de la chanson, l’héritage assumé d’Allain Leprest, la parenté avec Florent Vintrigner ou Loïc Lantoine, mais sa voix puissante et rocailleuse n’est pas celle du désespoir, elle porte l’espérance, la foi en l’humain, la soif du combat. Bateleur, comédien, chanteur, Ben Herbert est, au-delà de toutes ces analogies, un artiste singulier, tour à tour poignant, touchant, lunaire et drôle, et son chant grave charrie toutes les émotions comme le ferait une vague tantôt déferlante, parfois caressante, portant la puissance de son verbe.
« Au début il y a de l’urgence / Un souffle au cœur / Nos révolutions intérieures / La fierté de nos combats / Ecrire tout haut ce qui se passe en bas », voilà ces premiers souffles qui viennent strier la nuit barjacoise et précédent la venue de cet « ogre de parole », cet affamé de mots, de mots tendresses, de mots cerises (C’est rien). Le voilà qui s’avance dans une simple humanité, mélange de force et de fragilité avec ses colères, son regard d’enfant, sa bienveillance et des chansons qui ne cesseront, tout au long du spectacle de nous toucher.
Ben Herbert joue avec virtuosité sur la corde sensible, évoque avec respect et empathie ces vieux dont le vécu se partage (Le chantier), nous dit la douceur en ce monde d’un droit d’asile entre les bras de l’être aimé, conte le temps de l’innocence avec l’histoire du gamin du deuxième, autant de moments d’émotion, de signes d’amour de la vie et des êtres. Il sait aussi nous faire frissonner, nous emporter dans son indignation contre le sort des femmes afghanes, de celles qu’on veut faire taire (Ineffaçables) dans un texte déclamé avec l’énergie de l’espoir, ponctué par le chant de Myriam couvrant le bruit des bombes.
Il se montre aussi espiègle, facétieux, s’amuse de l’énumération de choses cons comme la pluie et dans une fable se débat avec deux petits diables perchés sur son épaule toujours enclins à l’emmener sur la mauvaise voie jusqu’à le convaincre de devenir chanteur. Amoureux du langage, il sait aussi en jouer, en montrer les paradoxes, sa propre poésie (Je ne veux pas savoir si la corde est sensible de naissance / Comment sonne un coup de vieux). Nulle distance, nulle frontière avec le public, Ben Herbert, bien que maîtrisant la scène, s’y montre en toute simplicité, en proximité, en témoigne ce final où, s’adressant à chacun de nous, il s’amuse de nos petites manies communes, nous invite à Nous ensemble, se battre des ailes qui rassemblent.
Il y a enfin pour magnifier l’ensemble, l’osmose parfaite, la complicité avec ses deux acolytes de scène : le contrebassiste Xavier Milhou et le multi-instrumentiste (claviers, trompette, bugle) Nicolas Jozef Fabre. Ils créent un environnement sonore qui souligne avec finesse et beauté chacun des titres. Une belle alchimie !
Un spectacle qui se savoure comme un moment pour prendre le temps, être debout dans le présent, des mots qui se glissent au creux de la main. Du pur bonheur !
Le site de Ben Herbert Larue, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. Ben Herbert Larue sera en concert le 8 novembre 2024 à Artenscène à Tauves (63)
« On se bat », en concert en 2021 (CCM John Lennon)
« Le chantier », en concert en 2022 (Maison de poésie de Normandie)
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