Didier Helleux, de l’opéra à la chanson
En cherchant à se renseigner sur lui, on en finit rapidement par conclure que la chanson de Brassens doit lui être dédiée : « C’est un modeste ». On ne trouve pas grand’chose. Lui-même dévoile sa bio par le succinct : « Didier Helleux a longtemps chanté dans les chœurs de l’opéra de Rennes et dans l’ensemble vocal Mélisme(s) et il enseigne le chant (lyrique et musiques actuelles) au conservatoire de Lorient. Parallèlement il écrit des chansons, paroles et musique. Un premier disque en 2008 lui vaut un bel article dans Chorus ». C’est tout, c’est peu. Alors glanons ici et là ce qu’on peut trouver sur cet intrigant breton.
Didier Helleux est un interprète d’opéra, chant lyrique qu’il enseigne. Il a aussi joué les récitants au sein de nombreux spectacles. Ainsi Le Verfügbar aux enfers, opérette de Germaine Tillion. Et, en solo, a réalisé un album et un spectacle, «Au retour», de chant et de poésie, puis s’est mis à dire et à chanter les lettres d’amour écrites par Guillaume Apollinaire à Louise de Coligny-Chatillon. Car, ce n’est pas incompatible loin s’en faut, Didier Helleux aime la chanson, « par sa voie Ferré » disais-je jadis sur Chorus.
Voici donc son second CD chansons, généreux disque de dix-huit titres de sa composition (paroles et musiques) à l’exception de quelques auteurs bienvenus : Arthur Rimbaud (Antique), René-Guy Cadou (Grand peur), Tristan Corbière (Voleur d’étincelles, la chanson-titre) et Jacques Bertin (Envoi, non exempt d’humour, tiré de son recueil Plain-chant, pleine page).
La grave voix d’Helleux peut désorienter quelque peu l’amateur de chanson, imprégnée qu’elle est de l’opéra, car on se refait pas. On dit sa voix exceptionnelle, ample et généreuse. Qui cisèle à merveille les mots, l’exact contraire de ce qu’on entend la plupart du temps à la radio. Peut-être un peu rigide pour nos oreilles formatées à d’autres chants, mais capable de restituer toute la gamme des émotions. Le style rappelle d’autres époques qu’on peut penser révolues, bien que le discours quand même soit un peu plus actuel : ainsi, chanter sur un ton d’opéra « Le réveil, les motos, la vaisselle, le dollar, la douleur Sarkozy, Mitterrand, les scorpions, les poubelles, le travail, la famille, le patrie… / Si j’avais su j’ s’rai pas v’nu » dénote et pas qu’un peu, avec toujours cet humour qui ne se départ pas. Cette chanson s’intitule Trop tard/Les Fléaux, d’autres sont titrées Trop c’est trop, Le Râteau/Pitoyable tango ou Grand peur… Du désopilant, vous dis-je ; le faux sérieux d’Helleux et sa voix grave et gravissime s’accommodent bien avec une supposé dramaturgie : notre Rennais pourrait sans mal faire la première partie du Cirque des mirages, il serait dans le ton.
Si vous voulez goûter à une toute autre fragrance de la chanson, découvrez Helleux : le risque n’est pas bien grand. Vous risquez plus d’être étonnement surpris. Et sans délais d’en redemander.
Didier Helleux, Voleur d’étincelles, autoproduit 2024. Le facebook de Didier Helleux, c’est ici. On commande ce CD à l’adresse mail : d.helleux@hotmail.fr
‘L’exact contraire de ce qu’on entend la plupart du temps à la radio »…. écris-tu ! Ben oui…. mais nous sommes bien encore quelques-uns à aimer plus la chanson que le son, à ne pas avoir oublié Jacques Debronckart que rappellent certains titres, à penser à Jacques Bertin, ici rigolo ….
Merci, Michel, pour cette découverte.
Bonjour.
J’aime beaucoup ce CD. Et aussi la veine légère de « les vaches s’en fout ». Je connais peu de textes qui s’en rapprochent chez Jacques Bertin.
J’ai cherché dans « Plain-chant pleine page », et n’ai pas retrouvé cet Envoi » !. Où l’as-tu déniché ?
Avec amitié.
Jean Paul Gallet