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Barjac 2024. Romain Lemire, de la douceur avant toute chose

Romain Lemire sur le scène du Pradet (photos Anne-Marie Panigada)

Romain Lemire sur la scène du Pradet (photos Anne-Marie Panigada)

31 juillet 2024, festival Barjac m’en chante, chapiteau du Pradet,

 

Il y a maintes et maintes façons de se présenter au public, lui faire face, l’affronter, le saisir avec force ou s’offrir en sacrifice, le bousculer, l’emporter dans un tourbillon, le surprendre, faire de la scène un combat. Romain Lemire a choisi une autre voie : « Lorsque Julie Berthon m’a appelé pour me proposer de venir au chapiteau de Barjac, j’ai eu envie d’y aller seul en piano/voix, j’ai eu envie d’un seul fil entre ce public et moi, ténu peut-être, fragile probablement, mais le plus court chemin entre nous, aussi spontané qu’un regard », un choix tout empreint de délicatesse, une douce parenthèse, une caresse au milieu des tempêtes.

Solitaire, égaré, naïf et tendre, tel est l’esquisse subtile d’un portrait que Romain dessine tout au long de ce spectacle, croquis d’une vie dans ses instants fragiles, jugés parfois futiles, mais pourtant essentiels que Romain nous invite à aimer. Rêveur, entre mélancolie et allégresse, il flâne savourant les premières lueurs de l’aube, le goût de la solitude : « Aux toutes petites heures du matin / On est seuls au monde et c’est bien /… / Aux toutes petites heures du matin / On écrit l’incertain espoir… » Entre étonnement et émerveillement survient ce changement soudain de regard à la découverte de la peinture de Soulages et la surprise qu’un rayon de lumière vienne poser du soleil sur l’ombre de ses regrets (Matins légers).

Lemire 2Lemire 3A l’instar de cet alter-égo qu’est Gaston moins le quart, Romain se dévoile sous la pudeur d’un sourire, doux, délicat, bienveillant, à la fois rebelle et ringard, lucide sur le monde, empli de doutes et d’incompréhensions (Je veux descendre), ce monde qui marche sur la tête dont il célèbre pourtant l’humanité avec amour : « Aux vivants / Attachants que je fréquente / Aux vivants / L’empathie reconnaissante » (Monuments aux vivants).

Et puis après tout, quelle meilleure façon de se détacher du cours de la vie et du superflu que d’imaginer sa propre disparition ! Avec Je suis mort Romain prend prétexte de ce départ virtuel pour un retour sur soi et son rapport aux autres, un moment pour poser des souvenirs, le temps de quelques soupirs. Ici « La mort n’est pas un échec / C’est la fin d’une réussite », d’une existence célébrée. Et puisqu’il n’est nullement question de manger les pissenlits par la racine, autant en sourire et, dans un moment de fantaisie, s’abreuver sur scène de l’eau des fleurs…

Avec cette même subtilité, un brin parfois de douce ironie et par-dessus tout une infinie tendresse, Romain s’attache aux jeux de l’amour. Tout en retenue, C’est compliqué nous dit toutes les hésitations, les effleurements, l’émoi d’une première fois. L’amour, dans toutes ses déclinaisons, peut être l’incertain Ponctuation, habile jeu d’écriture sur la rupture, de points de suspension en interrogation, le délicat et romantique Ce baiser emprunté à François Morel, l’évocation nostalgique de Nos amours de jeunesse.

Nostalgie encore avec ces Auvergnats si éloignés de cette vie citadine parfois dissolue mais si chers à son cœur à qui il adresse quelques notes de musique, avec cette traduction/adaptation de Bella ciao (Salut mon amour) où se mêlent passion et rébellion. Enfin comme un hymne final, Romain nous invite à ne pas remettre nos joies aux lendemains qui chantent, à aujourd’hui Vivre en fanfare.

Un moment hors du temps, un voyage singulier dans une intimité qui se fait familière, une présence pleine de charme, un zeste d’impertinence, une voix caressante, apaisante, de la douceur avant toute chose, de la tendresse pour tout bagage, tout simplement du bonheur partagé : « Aujourd’hui j’ai vécu ça m’a pris la journée / La finir avec vous, c’est finir en beauté ». Merci Romain

 

Le site de Romain Lemire c’est ici; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui c’est là.

« Vivre en fanfare » : Image de prévisualisation YouTube

« Je suis mort » : Image de prévisualisation YouTube

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