Pelouse « Ours »

Un jour on ne me reconnaîtra plus
Je ne me ressemblerai plus
Je ne serai plus un humain
Je ne suis pas beau en humain
 
Un jour on ne me reconnaitra plus
Je serai enfin devenu
J’aime trop de travers en humain
Je ne sais pas danser en humain

Pelouse

Paroles Xavier Machault, musique Xavier Machault, Quentin Biardeau et Martin Debisschop. Extrait de l’album « Découdre » 2024.

Animal bourré de symboliques molles et moelleuses s’il en est — ou carnassières, c’est selon (tendre peluche, bête qui tue), l’ours est rarement sujet de chansons, quoiqu’il ait bien une petite histoire dans la chanson française, citons par exemple La chanson de l’ours de Charles Trénet.

Cet Ours-là débute jazzy, nonchalant comme la démarche du plantigrade. Caressé — à rebrousse-poil ? — d’un saxo aigu et étrange (Quentin Biardeau), guidé par une pulsation lancinante, empli de paroles insistantes, l’auditeur de cet ours en devenir est ouvert à des possibles à contre-courant de l’habituelle dichotomie humain/animal, ou à tout le moins des « possibles à l’horizon ».

Des possibles, comme l’évoque Xavier Machault – parolier pileux dont c’est accessoirement l’animal totem – en la figure de « cet ours qu’on dessinait enfant », « garde-fou pour toujours poursuivre nos rêves ». Un titre dont l’idée est par ailleurs née de « l’album illustré Ours à New York de Gaya Wisniewski », au sobre noir et blanc.

Ainsi se tourne et se retourne-t-on dans cette chanson comme un ours libéré de sa cage, morceau issu de Découdre, troisième album de Pelouse. Un trio au nom tout aussi pileux dans son étymologie, œuvrant en terres grenobloises plus ou moins herbues (où l’ours n’a pas encore été réintroduit) et dont la « post-chanson » aime, comme tondeuse sur gazon, à « frôle[r] joyeusement les limites du raisonnable ».

Toutes les dates de Pelouse sur leur site.

- Agnès André