Louis Arti, qui est resté
« Le bonheur raye le sombre sur les parcelles du sens / Il fait beau quand tu m’aimes et clair quand je t’encense / Ici la vie qu’on mène sans podium sans médaille / A ton premier amour et mon dernier sérail… » Il est rassurant de savoir que, de son coin d’Ardèche où il réside désormais, à quatre-vingt ans, Louis Arti tonne encore et toujours. Étonne et tonne bien. Ce n’est cependant que son septième album studio en quarante ans ; le précédent, C’est une parole, était sorti il y a quatre ans.
La chanson l’a happé à l’occasion des événements de 68, comme une révolution perso au mitan de ce gigantesque turbulence, qui le pousse à quitter le prolétariat. Depuis, l’artiste né des barricades ne s’en est pas remis, multipliant ses interventions sur tous les supports que la vie lui offre : théâtre, chanson, littérature, arts plastiques… Le natif d’Algérie, ancien mineur de fond et ouvrier de chantiers qu’il fut est l’archétype de l’artiste qui toujours remet son travail sur l’établi, jamais assouvi, jamais assoupi. D’autant qu’il amène très souvent son art en des lieux fort éloignées des trompettes de la renommée : milieux scolaires, lieux carcéraux ou centres de formation, sans doute là où l’art est aussi voire plus encore nécessaire.
Louis Arti est un alchimiste qui transforme le vie en poésie : cette nouvelle livraison le prouve avec brio, qui de son âpre voix, arpente notre monde « face aux lumières des jours usés ».
De son timbre si caractéristique aux intonations chantantes, lui qui n’a jamais été chichiteux question verbe nous rassasie ici de douze longues et généreuses chansons. Impossible, pour le chroniqueur, de les résumer au risque d’en perdre tant le sens que la substance. Il est et reste en dehors des schémas convenus, couplets/refrains ou format radiophonique, et fait naître à profusion alexandrins et hexasyllabes. Avec lui les vers passent au rouge, indifféremment ceux de la passion ou de la lutte : l’exemplaire chanson-titre, Elle est restée, coche sans mal les deux cases. Fil rouge de son œuvre, « la souffrance des peuples et leur courage face à l’intolérable sont portés par la poésie » : chaque chanson est grande page où s’inscrivent constats et résolutions, graines de révolutions.
Notre confrère Michel Trihoreau évoquait sur NosEnchanteurs, à propos d’un des récents albums d’Arti, la « poésie abrupte [qui] éveille la lucidité, contre la barbarie, pour défendre la vie dans ce qu’elle a de plus profondément et authentiquement humain ». C’est ça.
De ce travail de création partagé entre lui et ses musiciens et preneur de son et mixeur, de ces « assemblages » Arti parle de « confluents de rivières qui finissent par offrir un large et profond fleuve quand l’osmose musicale devient séduisante sur la pensée des textes par ses atours aux reflets éclatants et aux débits en cascades comme en blues sur une musique pop qui lubrifie avec force et grâce la voix et la libère au paroxysme ». Nul ne sait mieux parler d’Arti qu’Arti lui-même ; à nous de savoir l’écouter, l’apprécier.
Louis Arti, Elle est restée, Lafolie records/EPM 2024. Le site de Louis Arti, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
On va pas aux Paralympiques , on n’est pas handicapés, on n’a pas perdu Louis !
Mon tendre ami Louis !
Nous nous sommes rencontrés grâce au lien de Frank Thomas si sensible à nos chansons de révolte et d’espoir.
Retrouvés sans s’être jamais quittés, coups de téléphones surprises, au Père-Lachaise pour célébrer le départ de Frank avec Roland Romanelli.
Louis coups de gueule
Louis coups de coeur
Louis la Vie
Louis l’Amour
Merci Michel
Sublime
Des musiciens magnifiques au service de la Folie-Louis
Puissance du chant
Puissance des mots
DEUX ATOMES DE BONHEUR CONTRE UN ATOME D’ENFER