Namur 2024. Soviet Suprem, hip hip hip Oural
Les Solidarités, Namur, 25 août 2024,
Et si nous avions tout faux ? Si le modèle à suivre ne se trouvait pas sur l’autre rive de l’Atlantique, mais plutôt du côté de l’Oural ? Si la révolution, aussi nécessaire qu’attendue, retournait à ses racines de 1917 et qu’un grand vent d’espoir venu de l’Est emplissait nos poumons avides d’un air nouveau ?
Telles sont les réflexions qui m’ont assailli après avoir assisté au meeting dansant de la cellule révolutionnaire communément appelée Soviet Suprem. Et nul doute que nous devions être nombreux à pareillement nous interroger, tant ces rois de l’agit-prop ont su se montrer convaincants.
Eux, ce sont Sylvester Staline et John Lenine, dictateurs impitoyables prêts à tout pour imposer la révolution des dancefloors. Sur scène, le dangereux duo s’est adjoint les services de Didier Croute Chef aux platines et de Cyrilik Saxo au saxophone et clarinette. Ensemble, il font régner la terreur sur le public venu les applaudir en toute innocence, exigeant que l’on dénonce les social-traîtres qui rôdent, ordonnant que l’assistance se dépoitraille en soutien aux Femen (mais ils n’ont été suivis que par les hommes sur ce coup-là…), entonnant des chants remplis en loucedé de messages subliminaux (« Vladimir a dit, Vladimir adore / Vladimir est un grand conquistador »)…
Il faut admettre qu’ils sont impressionnants, nos mini-chœurs de l’armée rouge, revêtus de leur tenue militaire ou arborant une fière et virile toque. Ils tiennent la scène comme Eltsine tenait l’alcool, sachant galvaniser les foules à coup de slogans ravageurs. « Tire le rideau de fer et remplis ton verre », comment contredire cela ? Leur discours, aussi décalé que doctrinaire, est donc à même de séduire toutes les oreilles adeptes du second degré, tandis que leur musique, mélange de rap et de rythmes slaves (avec la touche klezmer apportée par la clarinette), s’avère absolument irrésistible.
Résultat de l’opération : l’espace d’un concert, le public namurois, d’habitude si bourgeois, s’est senti une âme de rebelle, voire d’anarchiste. Il a laissé tomber les convenances pour s’étreindre avec chaleur, formant de grandes farandoles spontanées durant le quart d’heure soviétique (appelé à remplacer le fameux quart d’heure américains de nos soirées d’antan). Il poussera même l’outrecuidance jusqu’à reprendre à gorge déployée le dangereux gimmick d’un chant outrancièrement séditieux : Couic Couic (c’est le son de la guillotine).
Pour avoir vécu ce moment de folie collective, je suis en mesure de vous annoncer la victoire proche de la révolution des dancefloors. Il vous reste peu de temps pour apprendre les rudiments de la langue russe, vous familiariser avec les rythmes de l’Est, vous remettre en forme afin de ne pas faire pâle figure dans les rassemblements de danse obligatoire qui nous attendent. Assister à un concert de Soviet Suprem est évidemment la manière la plus aisée d’atteindre le niveau souhaité. Et vous verrez, c’est rigolo comme tout !
Le facebook de Soviet Suprem, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là.
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