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Marion PCV : « On dirait pas comme ça… »

Marion PCV en quartet Photos ©Agnès André

Marion PCV en quartet (photos ©Agnès André)

16 août, Auberge de la Tour, Saint-Pierre d’Argençon (05),

 

Diable !! On ressort de là poignés, empoignés. Une heure vingt d’intensité montante, un tour de chant-théâtre qui s’achève solennel, martelé, crié sur un sombre sujet, et pourtant…Et pourtant tout du long on rit, pris dans les refrains.

C’est cela les chansons de Marion : « rire avant d’en pleurer » comme les décrit Lionel Sautet, le comédien qui a habillé ses histoires. L’habit fait l’artiste, une artiste biberonnée bien comme il faut à Laurent Berger et Michèle Bernard, entre autres. Crâne à crête punk façon Weldens, l’habit noir et le pendentif enclume au cou (elle est aussi maréchale-ferrante), Marion porte la couleur à ses pieds (des Dc Marteens jaunes pétantes) et à ses lèvres (rouges), ancrée.

Une chanson à son image… enfin, à leur image ! Si son tout premier titre, Le goût du miel — de la rupture aigre-douce au conditionnel passé — nous fait swinguer, c’est aussi grâce aux accords joyeux du pianiste Roland Catella (duo Dau et Catella, Vincent Roca) et à la mélodie de sa voix. Et quelle voix ! Rien de vraiment singulier, rocaille ou cristallin, mais une soie dans le timbre qui même en criant (elle en pousse des cris – et des ricanements) nous mène droit aux émotions. Un côté cabaret et joué qui vient aussi de ses deux autres « petits chats velus » (le fameux PCV du nom) : Svante Jacobson dit Sticky (premier contrebassiste de Chouf) et Jean-Michel Pillone (régisseur) au cajon, aux claves et autre percu et bruitages minimalistes. On se marre à la contrebasse qui mime un démarrage de vieille bagnole, au pinpon glissé entre deux vers de La petite 4L rouge ; on se marre aussi aux intermèdes, ces jeux de connivence entre les quatre, qui forment un fil tout naturel entre les morceaux.

MARION PCV Sticky Phot ©Agnes Andre 4914c-850x839Ces morceaux de vie — l’amour-lisière, l’amour-chien, « le fordisme du plaisir et des émois », tous ses morceaux en noir et jaune — se racontent droit dans nos yeux : ce sont des chansons très écrites, flirtant avec l’alexandrin, des trouvailles de sens (« l’éducation sans théorème »), et le goût du mot curieux, juste – même dans la prononciation (qui prononce correctement « dégingandé » de nos jours ?). Surtout, c’est le goût du révélé doucement à notre insu, comme par un petit trou – justement : « Un petit trou au bord du jour / pour illuminer la nuit / laisser sortir les rayons / redessiner les contours… ». Difficile de n’en donner que des extraits : ses chansons se comprennent comme un tout, intermède compris, tel le tour de force de Cœur en grève, où l’on pense — vraiment bêtement et tout pleins d’espoir — qu’elle va enfin nous parler d’amour. Du vrai quoi ! Mais la vie pour Marion n’est qu’ambivalence gueulée de manière salvatrice et élégante : « J’aime pas dire j’aime pas et encore moins c’que j’aime », et l’amour est à retrouver dans des Regards aimants (mise en musique par Laurent Berger). Ce sont d’ailleurs déjà des chansons de collaboration : le texte de la facétieuse Quand chante le rossignol est signé par le philo-forain Alain Guyard (dont la seule liste de publications vaut le détour). Difficile enfin, vous l’aurez compris, de n’en citer que quelques-unes : entre la gouaille de Tatie Sauvage et la poignante Nino Nina, la scélérate Fleur et l’enjouée Pleure Pas, toutes nous poussent à tendre l’oreille.

Dans la salle, il y a les cinq nièces (chœurs gaiement impromptus sur Tatie Sauvage), le reste du public sinon les découvre — mais « jamais je n’aurai signé autant d’albums », s’exclame la chanteuse. On dirait pas comme ça, mais Marion PCV nous fait quelque chose…

 

Le facebook de Marion PCV, c’est ici. Le lien vers Le Goût du miel, son premier EP enregistré en 2022, c’est là.

 

Nino Nina Image de prévisualisation YouTube

Le goût du miel Image de prévisualisation YouTube

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