Pierre Vassiliu « L’oiseau »
Je suis un oiseau du fond de l’océan qui vient de remonter à la surface
et de découvrir la limite entre l’eau et l’air
Je suis allongé sur la crête d’une vague
et je suis arrivé sur la plage debout
sur un château de sable criblé de souterrains humides,
et entre mon seau et ma mer, entre mon joint et ma guitare,
je me dis que le bonheur n’existe que dans l’amour fou :
C’est vrai, on dit que les fous ont besoin d’amour,
comme on dit que les chats ont besoin de lait.
Mais que la vénérable assemblée veuille bien prêter son attention
à nos humbles guitares et pénétrer dans notre modeste cerveau
Quand les vibrations latentes de l’agression deviendront palpables,
nous pourrons faire ensemble si vous le voulez,
un voyage dans un pays, dans un monde que je crois meilleur,
le monde de moi, moi, moi, moi
Pierre Vassiliu
Paroles et Musique Pierre Vassiliu. Extrait de l’album « Déménagements » 1978
Figure dans la compilation « Pierre Vassiliu en voyage », 2019 de Born Bad Records (BBR)
Cet album ne comprend que huit titres pour un total de quarante une minutes. Il n’est clairement pas fait pour répondre aux critères de la radio : les chansons n’ont pas de refrain, c’est funk, zen, tous les titres sauf un – un délire sur Le métro Châtelet à 18 heures, dissonant, cuivré, satirique, si évocateur – dépassent quatre minutes, deux dépassent sept minutes, et le premier n’est même pas chanté. C’est funk, zen, reggae, poétique, déjanté, sensuel, aussi fou et créatif qu’Higelin ou Nino Ferrer (nettement sur ce Charlie « Ouvre la porte et laisse entrer tes amis ! ») : « Les mots volent de ta bouche comme des bonbons au miel / En laissant sur mes lèvres un baiser de voyage / La bouteille d’encre bleue est tombée dans ton corps / Les bouchons du hasard s’envolent en rigolant / Mon corps est dans ton corps et ma tête se promène » (Je t’attends). La source, d’ailleurs, se fait attendre, après un long silence, et quelques murmures : « Elle est là, la source, devant toi ». Elle se mérite. « Elle demande ce qu’est la vie ». Une vie qui explose à la fin, en chœurs très typiques de l’époque, sur des variations superbement jazz. Après une violente satire de toutes Les banques au sens large, c’est sur la désillusionnée Pomme, tombée du pommier « Il ne fallait pas que tu m’aimes comme ça » que finit l’album.
Une grande liberté qui même à l’époque n’était pas toujours bien admise… Oserais-je dire que je n’avais jamais écouté cet album, que c’est une vraie source vive qui vous nettoie les oreilles et le cerveau… (Ce Laisse-la-tomber plus musique que chanson…)
Déménagements et l’un des albums réédités sur les plateformes digitales par Universal à l’occasion des dix ans de la mort de Pierre Vassiliu, avec Amour amitié (1970), Attends (1972) , Voyage (1975), Pierre Vassiliu (1976) et aussi la BO du film de Lelouch Une fille et des fusils (1965). D’autre part, Born Bad Records, l’éditeur de Francis Bebey ou de La femme, qui a déjà édité deux compilations des titres de Vassiliu (en digital, CD et Vinyles), nous vous en parlions en 2021, prépare un troisième volume, Pierre Vassiliu fait l’amour, pour une date non précisée. En 2011, ils avaient interviewé Pierre Vassiliu, à écouter sur son soundcloud.
Léna Rosa Vassiliu, la fille de Pierre Vassilu, est ce 17 août 2024 au Théâtre de la Mer à Sète en Trio au Festival Cinéma de la mer (formule un concert – un film sur grand-écran devant la mer).
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