Barjac 2024. Thomas Pitiot, le bel humain
Sauvé dans Anne-Marie Panigada, En scène, Festivals
Tags: Barjac 2024, Nouvelles, Thomas Pitiot
28 juillet 2024, festival Barjac m’en chante,
Pitiot par deux fois. A la salle Anne-Sylvestre pour ravir un jeune public avec sa Reine des patates. Et à l’Esplanade Jean-Ferrat pour nous faire entendre ses nouvelles chansons, celles de son disque Chéri Coco. Deux fois cadeau, deux fois bingo.
Qu’il s’adresse aux mômes ou à leurs grands-parents, le discours ne change guère d’ailleurs : Thomas Pitiot est un humaniste, dont l’univers est peuplé des gens du quotidien. C’est un grand frangin bienveillant, observant le monde dans ce qu’il a de bien ou de moins bien, et nous le rapportant avec tendresse, et déjà la mélancolie de l’instant. Parfois avec froide colère, quand il nous chante cette terre volée, violée : « Il n’y aura pas de paix sur une terre volée / Jamais de nuit tranquille ni d’espoir partagé ». Ou quand il nous chante Tu auras beau, portrait sans indulgence d’un qui corrompt, excite les démons, nous fait peur, distribue les médailles et efface les détails (le portrait-robot est ma foi saisissant) : « Tu auras beau tout raboter / Tu n’auras jamais notre beauté ». Le propos est net, précis, qui ne laisse pas la place au doute.
Comme tout le récital : un co-plateau est une contrainte où l’artiste se doit d’abdiquer quelques titres et parfois les commentaires qu’il aime faire entre ceux-ci. Là, Pitiot ne s’embarrasse d’aucuns et va droit à l’essentiel, il n’en est que plus efficace encore. Pour vous dire, je ne l’ai jamais vu aussi direct, aussi impressionnant. Aussi efficace. Comme la lame la plus affûtée qui puisse être, et ses propos n’en sont que plus tranchants : ainsi ce Ils vendent tout, texte fleuve qui coule de source depuis quinze ans, implacable réquisitoire contre cette société marchande où seul compte l’argent, où l’humain ne vaut rien : « Ils vendent l’idée laïque / En dépeçant l’universel [...] Ils sont vendu la signification / Du mot public / Celui qui s’oppose aux lois de l’argent / Est archaïque ».
Le chanteur du 9.3 devenu Occitan, « je suis d’ici / je suis de là », qui est bien « plus de La Ciotat / que du côté d’Eric Ciotti » est tant ce chanteur engagé et résolu que le tendre papa qui mène ses enfants à la crèche et rend singulier hommage aux dames de la crèche, ce bouffeur de témoins de Jéhovah, cet homme-empathie au regard tourné vers l’Afrique… Ce vivant qui nous fait tant aimer l’humain, celui qu’il est, ceux qu’il défend.
On se souviendra de son nouveau passage à Barjac, bien servi par Michel Kanuty au piano et claviers ainsi que par Arno de Casanova aux trompette et bugle : ils sont de ceux qui ont rendu ce cru excellent, gouleyant, inoubliable.
Le site de Thomas Pitiot, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
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