CMS

Pascal Danel, 1944-2024

kilimandjaro« Il n’ira pas beaucoup plus loin / La nuit viendra bientôt / Il voit là-bas dans le lointain / Les neiges du Kilimandjaro / Elles te feront un blanc manteau / Où tu pourras dormir / Elles te feront un blanc manteau / Où tu pourras dormir, dormir, dormir… » A tout prendre, s’il ne reste qu’une seule de ses chansons au départ d’un artiste, c’est déjà ça, c’est important, c’est un début d’éternité. Tant qu’on fredonnera Les Neiges du Kilimandjaro, dont le titre est emprunté à une nouvelle d’Hemingway, on se souviendra un peu de Pascal Danel, même si son visage s’estompera peu à peu jusqu’à totalement disparaître. Bien sûr, aucun chanteur n’a qu’un seul titre et c’est injuste d’oublier le reste du répertoire mais la nostalgie radiophonique est aussi sélective que notre mémoire. Et La Plage aux romantiques est moins présente déjà, sauf si, madame, monsieur, vous vous êtes connus, je n’ose dire touchés, sur ce slow sirupeux, voluptueux, propice aux tubes (creux par définition) de l’été. Oui, jeunes gens, c’est ainsi que jadis, au siècle dernier, s’effectuaient les approches, timides ou osées, se jaugeaient et jugeaient les candidats à l’accouplement.

Né Jean-Jacques Pascal Buttafoco, il tirera son pseudo d’un hameau-école où, tout minot, il fut mis en pension.

Le destin est facétieux. Jean-Pascal est funambule à moto. Moto ou tard, il est victime d’un accident et, le temps de sa convalescence, apprend la guitare et le piano pour entamer une carrière musicale. Il sera en 1962, à l’époque où chaque jour naissent des groupes à profusion, dans la foulée du Golf Drouot, le chanteur et guitariste du groupe du rock Les Panthères. Un groupe est souvent le tremplin du chanteur qui immanquablement s’en va vers une carrière solo. Lui rugit si bien qu’il enregistre chez Vogue puis, remercié aussi vite qu’il est entré, rejoint AZ Discs et engrange de ces succès que la mémoire collective n’a pas retenus, tels Je m’en fous ou Hop là tu as vu ! Et bingo, c’est cette Plage aux romantiques qui sort et cartonne en 1966 puis, quelques semaines après, ces fameuses neiges d’une montagne qui nous est alors inconnue, exotique, sur lesquelles se bâtira toute une carrière, qu’il enregistre en plusieurs langues, carrière internationale oblige.

Le chanteur diversifie son offre et devient producteur à la télé, présentateur avec Guy Lux, puis scénariste et acteur (un autre accident viendra stopper net cette nouvelle vocation), écrivain même (par un livre sur son ami François Mitterrand…). Il découvrira Laurent Voulzy, qu’il engage en tant que guitariste et chef d’orchestre, jusqu’en 1974, produisant ensemble plusieurs titres et albums, dont Rotterdam. Auteur mais surtout compositeur, il travaille souvent avec le duo d’auteurs Mya Simille/Michel Delancray. En 1972 il présente à la Mostra de Venise leur délicate chanson Ton âme, chantée par Dalida en 1969, dont le sujet rappelle la Sarah  de Moustaki et dont il a co-composé la musique ; la chanson qui fut Grand Prix de la Rose d’or d’Antibes 1972 est censurée par le Vatican, sans doute en raison d’une traduction en italien « légèrement érotique » effectuée par Herbert Pagani, rapporte Pascal Danel en entretien. 

Il se produit sur scène jusqu’en 2015 (l’année précédente, il fait une tournée hommage à son ami, parrain et éditeur, Gilbert Bécaud), ici et là, puis rejoint les tournées « Age tendre, la tournée des idoles » et « La Croisière des idoles », qui nourrissent la nostalgie, et on le retrouve en 2021 au Festival Brassens de Vaison-la-Romaine ainsi qu’en 2023 à DécOuvrir à Concèze. Pascal Danel avait encore des projets pour un nouvel album à la rentrée, avec son fils Jean-Pierre Danel, guitariste de jazz, chanteur auteur compositeur, producteur et biographe, avec qui son réenregistrement très rock de Je m’en fous, en 2019, avait été un succès. 

Onze albums, dix-sept compiles, voici à gros traits le parcours presque type d’une vedette de la chanson, d’un monsieur qu’il convient de saluer au moment de l’adieu, en fredonnant les quelques airs qui subsistent en nous, qui parfois nous hanteront. Salut Daniel !

 

Vous pourrez découvrir d’autres chansons méconnues sur sa chaîne Youtube

 

« Les Neiges du Kilimandjaro », 1966, Delancray/PDanel : Image de prévisualisation YouTube

« Mamina », 1972 Mya Simille, Delancray /PDanel: Image de prévisualisation YouTube

« Mourir en été », 1979 (PDanel paroles & musique) Image de prévisualisation YouTube

Une réponse à Pascal Danel, 1944-2024

  1. Joël Luguern 26 juillet 2024 à 11 h 56 min

    Il serait regrettable de ne retenir de Pascal Danel que ses deux énormes succès: « Kilimandjaro » et « La plage aux romantiques ».
    Il a aussi interprété d’autres très belles et émouvantes chansons, en particulier « Jeanne » et « Le vieux chêne ».
    Et l’inoubliable, pour moi, « Les trois dernières minutes » (d’un condamné à mort) quinze ans avant la suppression de la peine de mort.
    A noter que sur le disque AZ de 1966 le titre original est « Kilimandjaro ». Il deviendra par la suite « Les neiges du Kilimandjaro » quand la chanson sera reprise par les disques Polydor.

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives