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Spa 2024. Le gendre idéal et le vilain petit canard

Joseph Kamel Spa 2024 ©Pol de Groeve

Joseph Kamel Spa 2024 ©Pol de Groeve

Francofolies de Spa, Scène Baloise, 19 juillet 2024.

 

L’éclectisme dont font preuve les Francos de Spa produit parfois de singulières rencontres. Comme celles survenues ce vendredi soir, à quelques heures d’écart, entre un public curieux et deux artistes en devenir. Le croisement improbable de deux univers difficilement compatibles.

Le premier artiste nous vient de Caen et s’appelle Joseph Kamel. 28 ans au compteur, un album paru en 2023, Miroirs. Beaucoup de monde pour l’applaudir. Il faut dire que l’homme a déjà une certaine notoriété et un pied dans le show-bizz, comme l’atteste un duo enregistré avec Julien Doré (Beau). Atout non négligeable : un physique avantageux, qui incline à penser que certain(e)s doivent l’apprécier pour des raisons indépendantes de la qualité de son œuvre. Ses chansons ? De jolies ballades pop, à la manière d’un Vianney, pas mal écrites, où il est question de son besoin viscéral d’être artiste (Et alors ?), de ses amours adolescentes (Ados) et présentes (Maintenant), de l’avenir qui se dessine (Vieux, Ton regard), de ses ruptures sentimentales (Dis-moi, Premier rendez-vous) … Des chansons consensuelles, tournées vers le nombril, comme il est de règle chez les jeunes artistes débutants, mais why not ?

Et en concert alors ? Remarquable ! L’homme affiche une aisance impressionnante (on l’imagine bien faire du stand-up à la Kev Adams) et mène son affaire comme s’il avait déjà une longue carrière derrière lui. Il fait preuve d’emblée d’originalité en débutant son concert par un dialogue avec le public sur le concept de « premier rendez-vous » avant d’enfin lancer la première chanson, manie l’humour et l’ironie avec malice, charrie le public belge avec un sourire désarmant… Impossible de ne pas craquer ! Triomphe total évidemment et on quitte les lieux en se disant que l’on vient de découvrir le nouveau Patrick Bruel.

The Doug Spa 2024 ©Pol de Groeve

The Doug Spa 2024 ©Pol de Groeve

Deux heures plus tard, même endroit. Voici The Doug, 24 ans, en provenance de Clermont-Ferrand. Un pseudo anglais mais un répertoire en français. Un premier album sorti il y a peu, du nom de Réparer. Assistance moins fournie – le concert de Zazie, programmé en même temps, a évidemment drainé le gros du public – et artiste sensiblement différent, tant dans l’aspect, nettement plus prolo (jean et marcel), que dans le propos des chansons.

The Doug debout Spa 2024 ©Pol de Groeve 148x350Car si The Doug nous parle lui aussi de ce qu’il connaît, nul doute que sa jeunesse fut moins dorée que celle de celui qui l’a précédé. Noir, c’est noir, il y a peu d’espoir. La drogue, la mort, la dépression, le no future forment la base de son répertoire, pour une suite de chansons coup de poing, mélange de rock et de rap. Difficile de rester indifférent à un tel cri, exprimé avec une telle urgence, heureusement parcouru de traces d’humour – noir, forcément – , qui lui permet par exemple d’intituler On savait s’amuser une chanson évoquant une mort par overdose !

Sur scène, l’homme est à l’image de ses chansons, brut de décoffrage. Il présente ses morceaux avec un sens de la provocation amusant (« Voici une chanson pour ceux qui prennent du crack »), apostrophe un groupe de fans qui lui réclame un titre particulier pour la 2ème fois (« Je vous ai dit que je ne la chantais pas ce soir, vous allez continuer à me casser les couilles longtemps ? ») et nous avoue ses penchants (« Mais oui je suis bourré, c’est de votre faute, vos bières belges, elles sont trop bonnes »)… Un concert tendu, sur le fil, d’un artiste entier nous donnant l’impression de jouer sa vie pour nous ce soir. Un chanteur qui ne fait rien pour être aimé et dont la vérité est justement la force. Une rencontre tant humaine qu’artistique.

Nous avons donc pu vivre ce vendredi deux spectacles aux antipodes. On peut aimer les deux, ou les rejeter, l’un pour être trop propre sur lui et l’autre pour ne pas l’être assez. Quoi qu’il en soit, merci aux Francos d’avoir permis ce grand écart passionnant.

 

 

La page facebook de Joseph Kamel c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en dit, là.
La page facebook de The Doug c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en dit, là.

Joseph Kamel, « Vieux », clip 2022 Image de prévisualisation YouTube
The Doug, « HLM en papier », clip 2022 Image de prévisualisation YouTube
The Doug, « Fou », clip 2024 Image de prévisualisation YouTube

 

 

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