CMS

Off Avignon 2024 Obscur Feuillage, chanson explosive

Obscur feuillage Photo ©Agnès André

Obscur feuillage Photo ©Agnès André

8 juillet, Avignon, Le Figuier Pourpre (Maison de la poésie)


« Obscur Feuillage à la Maison de la poésie » : voilà que dans l’esprit gravitent immanquablement des images de poète éthéré façon Voyageur contemplant une mer de nuages (derrière un buisson). Soirée absconse en perspective ?

Ce serait omettre qu’Obscur Feuillage est surtout grand prince du décalage et de la chaleur tout humaine. L’entrée en scène, flamboyante et disco-dorée, embarque d’emblée le petit public du Figuier Pourpre. Il est d’ailleurs assez étonnant comme le trio – Julien Paitel alias Obscur Feuillage, accompagné de son fidèle arrangeur et multi-instrumentiste François/Varafel et de sa tromboniste Elsa/FunkyPooch – arrive à créer connivence avec nous. On le soupçonne même d’avoir rempli la salle de ses proches (mais non, pas du tout).

N’attendez donc pas ce que l’on attend d’ordinaire de la poésie : quelque chose de vaguement calme et flottant, peuplé de silences significatifs (chouettes clichés). À l’électrique et aux cuivres, façon look de superhéros d’animé des années 80 ou de high school band explosive, Obscur Feuillage ne cesse de nous décoiffer sans nous laisser le temps de contempler le gouffre de nos existences : c’est furieusement festif avec des paroles qui s’entendent (chouette cliché bis).

Obscur feuillage Photo ©Agnès André

Obscur feuillage Photo ©Agnès André

Parce que oui, les chansons de Julien Paitel célèbrent autant la légèreté des cœurs amoureux que (et surtout) les absurdités de notre monde, d’un regard candide et corrosif : « Dans mon monde idéal, on chanterait tout le temps… ». Le lieu est bien choisi : c’est quoi la poésie, qu’on se dit… C’est peut-être bien une géniale chanson agroalimentaire (Assaisonnés aux pesticides) au refrain des plus inventifs, louvoyant entre un Philippe Katherine et une Complainte du Progrès à la Boris Vian. Ou bien la nostalgie d’amours enfantines, « au bord de la piscine municipale », aux larmes de chlore et au trouble aqueux. Ou encore le désir pour « tes hanches de violoncelles » et la quête amoureuse : « rien ne peut pas du tout tout remplacer ». Cette ode au progrès enfin, qui gratouille agréablement nos intérieurs : « on peut connaître les lois… mais pas la raison des lois / pourquoi pourquoi […] »…

L’inventivité verbale s’enrobe lumineusement d’un éclectisme mélodique qui, s’il amène plus de rires que d’éclats poétiques, agite néanmoins tous nos atomes : ce concert est une véritable traversée festive, du disco au punk en passant par le reggae – arrangements fabuleusement soulignés par ses musiciens, Varafel, aussi à l’aise sur mandoline que guitare électrique et trombone participant de la flamboyance de l’ambiance. Obscur Feuillage manie par ailleurs l’art du concert à la perfection, se jouant des trous impromptus et des imprévus sans malaise aucun. Après tout, il s’est rodé à l’asphalte et à la scène : 1 042 km à vélo depuis chez lui (Nantes) le long de Loire et Rhône, 18 concerts en 25 jours, pour arriver tout frais en Avignon. De l’énergie à l’état pur. Il n’y a que ses pneus qui en sortent crevés.

On en ressort quant à nous requinqués de cette énergie communicative et complice, avec un seul regret peut-être : que le mode de la dérision efface tout moment touchant. Serait-il temps qu’Obscur feuillage mâtine son langage de clair-obscur ?

 

Le site d’Obscur feuillage, c’est ici. Ce qu’en a déjà dit Nos Enchanteurs, c’est là.

À la Maison de la Poésie d’Avignon 6 rue Figuière tous les soirs à 20 h, et ce jusqu’au 21 juillet.

Bande-annonce 2023 Image de prévisualisation YouTube
« Assaisonné aux pesticides », clip 2019 Image de prévisualisation YouTube

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives