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André Bonhomme, 1938-2024

André Bonhomme (photo tirée du facebook d'Emmanuel Bonhomme)

André Bonhomme (photo tirée du facebook d’Emmanuel Bonhomme)

Dans ma mémoire que malmène l’émotion, ce bonhomme est associé à une chanson, une homonymie. Le bonhomme qui va mourir, de Brassens, et cet autre Bonhomme, André de son prénom, qui désormais est mort. Deux vieux messieurs, d’apparence fragile, aux visages si ridés, burinés, qu’il en sont beaux. Des doux et gentils : l’un qui ramasse du bois, l’autre des vers, deux combustibles pour chauffer nos corps et nos cœurs.

Tout lyonnais qui se respecte connaît André Bonhomme, ce natif de La Croix-Rousse, du moins je le crois. Et guère ailleurs, à quelques exceptions près, à quelques émotions semées ici et là, à Barjac et en quelques autres lieux où, comme herbe folle, pousse encore la chanson.

« La Camarde, la Camarde / Monte la garde / Un jour, un jour / Quand il lui plaira… » Ça vient de lui plaire, et nous de nous peiner pour longtemps. En fait pour toujours.

André Bonhomme a eu au moins deux vies. L’une sur des planches de théâtre. Puis, un beau jour, cette chanson qui a toujours été en lui, prend corps, prend le public à témoin.

Neuf CD si je compte bien, le premier en 1994, qu’ont précédé un 30 cm et deux cassettes. Pour autant, ses plus lointaines chansons furent écrites dans le sillage de mai 68 et ses premières scènes remontent dans le début des années quatre-vingt. Pour définir son art, on dira « chanson à texte », les initiés comprendront : du généreux, avec le constant souci du bien écrit, de la poésie. Certains diront ses vers datés, moi je les crois intemporels : « Sont-ils de leur temps / Ou d’un autre temps / Je crois qu’ils s’en fichent éperdument ». Dans l’important vivier de la chanson lyonnaise, il s’est toujours trouvé des accompagnateurs de grand talent (certains de ses albums ont grand luxe de musicos) qui tous rendaient hommage à ses textes. Parmi eux, sur ses derniers albums, son fils Emmanuel.

André Bonhomme était rarement à l’affiche de programmations, festivalières ou saisonnières. On pouvait le dire, le croire, rare. C’était en des ateliers, et beaucoup auprès d’enfants handicapés mentaux qu’il partageait son art. Et retrouvait l’usine en périodes de vaches maigres. Ne trouve-t-on pas dans son premier et lointain album une Chanson d’usine ?

Dans chacun de ses opus reçus, je retrouve ses petits mots, de gratitude, et quelques précisions complémentaires qu’il aurait pu omettre sur le livret. Nous partagions, de loin, une belle et solide fidélité. NosEnchanteurs prenait grand soin de le chroniquer chaque fois. A l’heure de la disparition du Bonhomme, on relit ce qu’on a précédemment publié et on s’aperçoit que l’essentiel y était consigné, que pour ma part je n’en regrette ni déplore la moindre ligne. Nous avons relaté son enthousiasme constant et ma foi communicatif. Nous nous étonnions, mais pas beaucoup, que ne figure aucune photo de lui dans son dernier album, Pourquoi ?, de 2019, en concluant que : « Le rimeur-chanteur qu’il est est déjà dans le paysage, d’où ses mots peuvent surgir, impromptus, drôles, pertinents, impertinents, amoureux encore. D’une voix certes vieille mais dansante, d’une énergie qui ne peut que faire songer à celle de Vigneault. » C’est cette impression qui dominera, restera à chaque nouvelle écoute. La modestie du Bonhomme ne taira pas la puissance de ses vers. Puissent ceux-ci être repris, chantés : sans qu’ils soient gravés dans le marbre qu’ils ne connaissent pas le sort d’un palimpseste. Que même mort, Bonhomme vive un peu.

 

Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Un hommage lui sera rendu ce dimanche 14 juillet à 14h au Parc de la Tête d’Or, avenue Achille Lignon au niveau du kiosque au piano (côté Berges du Rhône)

 

« Toute une vie » : Image de prévisualisation YouTube

Film « Alors il chantait » film de Bernard Dautant : Image de prévisualisation YouTube

5 Réponses à André Bonhomme, 1938-2024

  1. Marc POMMIER 12 juillet 2024 à 14 h 01 min

    André a chanté tout de même au festival d’ Artigues (09) en 1995, il a chanté au forum Léo Ferré,  » chansons buissonnières » à Nancy pour l’ association de Serge Joseph, dans d’ autres villes, plusieurs fois à l’ arthé café … Il aurait aimé davantage de scènes … Dans la rue à Lyon ou Barjac, il faisait sa pub en chantant … il ne savait (et peut-être, ne voulait-il) pas faire autrement. Toutes ses chroniques de disques figurent dans ‘ » nos enchanteurs et chorus » Reste en nous son amitié, son humanisme. Je continuerai à partager ses chansons sur facebook. Peut-être un jour, y’ aura-t-il sa discographie ? Il y a le formidable documentaire de Bernard DAUTANT » alors, il chantait ».

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  2. babou 12 juillet 2024 à 14 h 32 min

    Un modeste, un artisan des mots, une plume délicate.
    Des pépites jalonnent sa discographie. Adieu l’artiste !

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  3. Guillot Patrick 14 juillet 2024 à 22 h 12 min

    Un chanteur d’une créativité extraordinaire, doublé d’une modestie et d’une gentillesse exceptionnelles.

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  4. Rétrolien Hommage : Ciao Grand Bonhomme (par Sacha)

  5. Rétrolien Adieu au Bonhomme : Un Héros de l'Hiver

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