Lucas Rocher, dans les gènes y’a du plaisir !
28 juin 2024, L’Epallle-théâtre, La Ricamarie,
Bacchus (pas le dieu à la grappe, mais le chanteur) est un ensemenceur de chanson. Désormais quasi titulaire d’une chaire à l’Épallle-théâtre à La Ricamarie, il y fait venir ses potes. Quand ils sont de la trempe d’un Lucas Rocher, on en redemande, on revient la fois suivante, à la grande satisfaction du taulier.
Une guitare en main et trois autres derrière, une tenue soignée mais des cheveux en bataille, une belle écriture qui toutefois se fout des convenances : Lucas Rocher apparaît comme un poète du quotidien, une fine lame, qui ose des propos dont l’humour sert d’efficace vaseline. Aux anciens dans la salle (ça prédomine et je suis du lot) il pourrait faire songer, un peu, à Philippe Val. Je dis ça et aussitôt m’en excuse tant Val s’est depuis longtemps chié dessus, tendance caca d’oie ce qui revient à la mode. Reste que, en duo avec Bacchus justement, Rocher chante Soyez pédés, ça nous ramène aux glorieuses années Font & Val. Aux autres je suggérerais, par la proximité de certains sujets et la façon de les chanter, les frères Volo, tous deux nés de la cuisse des Wriggles. De telles comparaisons, c’est quand même pour dire la grande qualité des textes. Mais s’il n’y avait que ça… Rocher coche toutes les cases et sa presta, comme il dit, fut réglée au millimètre par le metteur en scène Patrice Mercier. Rocher est un fils de pub, c’est d’ailleurs non le fil rouge mais l’ossature de son spectacle, sans cesse interrompu par des spots (« Vous avez souscrit à l’offre Lucas premium… ») qui, invariablement, nous préviennent à la fin de possibles traces de fruits à coke (j’ai un doute sur l’orthographe). Ça et de désopilants foireux numéros de prestidigitateur, lui qui n’est vraiment que magicien des mots, presque funambule de la rime.
Rocher parle et articule bien, est brillant, réactif, les yeux revolver et ma foi bien fait de son corps : le gendre idéal pour qui veut caser sa fille, mais je ne suis pas sûr qu’il mange de ce pain-là.
Dans son récital prédomine l’amour, thème en apparence banal, mais pas avec lui : l’approche y est différente, le sujet est intrigant : « J’ai maîtrisé mes bourses / Mais j’ai tell’ment fait gaffe / Que j’ai perdu la course… » L’objet du désir anime la plupart des titres, l’« allusion sexuelle / dans chaque private-joke ». La tonalité est gaie, au sens de joyeux s’entend. Même en solo à la gratte, acoustique ici, électrique là, l’art se pare d’accents rock n’roll, on s’imagine ce que pourraient donner pléthore de musiciens…
Lucas Rocher étrenne ici quelques titres qui ne seront pas même sur son prochain disque, un live déjà enregistré et qui reste à financer (c’est ici). Dont une sur les couples libres (quand je vous dis que ça parle beaucoup d’amour…) : « Raconte pour voir / J’veux comprendre où ça me pique / Pourquoi mon cœur pique ». Un autre sur un Mauvais timing comme s’il pouvait être à contre-temps…
Set impeccable, pertinent, infiniment amoureux, authentiquement passionnant, de quoi se sentir privilégié d’applaudir un tel et superbe artiste. Ici, il repassera, j’vous en fiche mon billet : je crois qu’il est durablement inscrit dans les gènes de cette salle-cabaret d’exception. Fasse que, bientôt, il puisse aussi s’offrir à vous.
Le facebook de Lucas Rocher, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
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