Bruit noir « Communiste »
(…) Georges Marchais, communiste,
Ça signe tellement le vieux mec,
Ancien siècle, aboli…
Le nom des rues à Champigny-sur-Marne
C’était Paul Vaillant-Couturier, Jean Jaurès, Jean Moulin (…)
Dans trente ans, pour toi, ma petite fille à naître,
Ce sera quoi ? Je prie ce soir,
Dimanche soir, j’suis bourré petite, excuse-moi
Je prie pour que tu n’habites pas trop loin de la Cité Lula
Tu prendras à gauche le boulevard Greta Thunberg
Tu prendras le Parc du Sous-commandant Marcos
Tu longeras Snowdon, le Canal Assange
Tu t’arrêteras rendre tes livres à la bibliothèque Denis Robert
En face du RER François Ruffin, Place Annie Ernaux
Et tu arriveras enfin chez toi
Bruit noir
©Simon Gosselin
Paroles Pascal Bouaziz, Musique Jean-Michel Pirès. Extrait de l’album « IV/III » 2023
Vidéo réalisée par Bruit noir avec avec Agnès Gayraud aka La Féline.
Parfois, Bouaziz rêve…
Après le II/III, auto analyse et satire sans concession de notre monde chaotique, Bouaziz et Pirès, tout en disant adieu à Mendelson avec « Dernier album » ne lâchent pas prise : « les deux bouffons » tirent encore à vue, mais d’abord sur eux-mêmes, « vieux vieux vieux » , « ça s’prend pour Mike Jagger mais ça chlingue Guy Béart. » Puis soudain relèvent la tête « On laissera la place aux suivants quand les suivants auront du talent » (Coup d’état) « On n’a pas eu d’public parce qu’on était trop grand pour lui ».
Bouaziz nous parle, on lui pardonne sa crudité, sa satire de nos lâchetés, parce qu’on sait bien qu’il a raison, et aussi parce qu’il se prend pour cible et ne se met pas au-dessus des autres « Je resterai jamais qu’un touriste, j’admire, je reste pas ». Et aussi, il faut bien le dire, parce que sa voix est agréable à entendre, même s’il fait tout pour paraître le plus désagréable possible. Chanteur engagé, il l’est, même s’il se fout de Sting et de ses plumes dans le … en visite en Amazonie, « Il capitalise sur la misère ». Il dit que ça ne sert à rien de dire, et le dit quand même. Le répète, le détaille, des fois que quand même, que ça nous parvienne à l’oreille, ce… bruit…noir…
Et parce que la musique de Jean-Michel Pirès traduit tellement notre monde, post-industriel qu’ils disent, mécanique avec fric, sans cœur et sans amour. Musique ou bruit ? Musique à coup sûr, plus musique que toute la pop-électro-qui-groove-bien-produite dont on nous noie les oreilles. Et ce noir…bruit…noir qui revient en mantra.
On y rencontre un petit Prince mort tout seul dans sa purple rain, on y évoque Nino Ferrer et sa tristesse insigne, les ateliers d’écriture où les plus grands poètes sont des enfants migrants. Même si on n’a rien compris quand on croit que Bouaziz nous raconte sa vie. Il préfère nous faire l’odyssée des guerres, massacres, exploitations, canots gonflables. Si seulement ça passait sur CNews, Le visiteur. Je ne vais pas vous détailler tout l’album (mais presque), d’ailleurs ils nous en parlent très bien eux-mêmes, écoutez-le, achetez-le, et si c’est possible, allez les voir sur scène. J’ai toute confiance en mon collègue Pol de Groeve quand il nous dit que c’est l’expérience à faire… pour ne pas rater sa vie. Rien que d’écouter l’album on se fait son spectacle dans la tête, éperdu, sidéré. Révélé quoi.
Pourtant, après le lâcher-prise de Tourette et plus encore d’Artistes, l’auto-réponse de Béatrice, après le désespoir de Calme ta joie, « Faut jamais s’réjouir des bonnes choses, ça dure pas », vient l’espoir. Deux enfants. Même s’il faut être bourré pour croire que ça s’améliorera pour nos enfants. Merci Monsieur Pascal, pour la poésie, comme dit Hassan. Ou Elie. Ou Léon. Ou Léonard.
Si vous voulez une histoire vraie et nuancée, où on ne vous parle pas d’abord de sionisme, d’islamisme, d’anti-sémitisme, écoutez Algérie, du Dernier album (2021) de Mendelson, qui prend toute son acuité maintenant, qu’on devrait diffuser dans toutes les écoles, mettre comme sujet au bac : « Ils entendent Bouaziz, ils entendent l’arabe, ils entendent le juif, ça dépend simplement de leur maladie… ». « C’est quand même terrible, ceux qui ne sont pas anti arabes sont antisémites… Je ne voulais pas parler de ça. »
On peut lire également Léonard Cohen, paru chez Hoëbeke, Gallimard, Collection Les indociles, relié, illustré paru en septembre 2022.
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