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Prendre le Moro dents

Nicolas Moro (photo)

Nicolas Moro (photo Sylvia Vasseur)

Satisfait de constater que le nom et la gentille gueule de Nicolas Moro lentement s’imposent dans le petit monde de la chanson. Qu’après deux albums et deux ep (ainsi que le récent et superbe En public, partagé avec son violoniste Mathias Guerry), il y soit reconnu à sa juste et ample valeur n’est que justice et témoigne du bon goût collectif.

On remarquera ces derniers jours sa nouvelle vidéo (postée sur facebook) en réaction à ce personnage inquiétant qui semble malheureusement s’imposer dans le débat politique du moment et pour longtemps…

On devrait remarquer tout autant le nouvel et très bel album de Moro : des comme ça, j’en veux bien tous les jours au petit déjeuner sur ma platine.

Quand je parle de gentille gueule, avouons que ce n’est pas évident sur la pochette de cet opus où paisiblement il sirote un cocktail à travers un masque à gaz. Mais, comme il titre avec un rien d’ironie du désespoir : Tout va pour le mieux ! « Sept mille ans de civilisation / Sept mille ans et puis grosse déception / Tout ça pour ça / Tout ça pour en arriver là » lance-t-il dès l’entame d’un disque où la lucidité fait copine-copain avec l’humour (et un peu de tendresse, tout de même), soit l’exact portrait de Moro, ce pourquoi on l’apprécie. Comment réfréner son rire quand il nous chante « Faut pas souhaiter la mort des gens / Mais j’ai du mal à m’empêcher / Faut pas souhaiter la morts des gens / Mais si tu pouvais calancher » : c’est tellement naturel.

Nicolas Moro CDHumour oui, plutôt dérision. Et amour, sans qu’il en possède tous les codes : des amours privés de courage, ou en attente, d’autres qui se barrent en quenouille. Et des textes énigmatiques (Jamais plus, La Casse, Le Melon), qu’il nous faut décrypter, qu’on peut sans son accord attribuer un peu à qui on veut. En ce temps compliqués, Jamais plus (« Oubliés, révolus / On ne les verra jamais plus… ») je l’attribuerai bien à Attal et sa bande, mais ma lecture est, c’est vrai, très partisane.

Son blues mâtiné de swing fait merveille : lui et ses comparses (au gré des titres, on dénombre une vingtaine de musiciens) fait de ces chansons des joyeusetés même si ça charrie quelques horreurs, qu’on prendra pour autant de vérités ; ainsi sur le divin fiston qui jamais n’envoie d’accusé de réception à nos prières : « Pourquoi l’appeler au secours ? / Si Jésus Christ c’est qu’il est sourd ».

Comment ne pas reconnaître dans Les Honnêtes gens ceux qui grenouillent, magouillent et tripatouillent en ce moment sous nos yeux, dans l’écran cathodique et sur nos bulletins de vote : « De toutes les idées, de tous les ralliements / Tous les reniements, toutes les compromissions / Il obtint un portefeuille au gouvernement / Il reçut les honneurs et les décorations ». Pas besoin d’être fin observateur me direz-vous, encore faut-il le versifier, le musiquer et le chanter, qui plus est avec talent.

Talent sera le mot de la fin, tant ça résume ce Poitevin qu’on verrait bien se produire un peu plus souvent, un peu partout.

 

Nicolas Moro, Tout va pour le mieux, autoproduit 2024. Le site de Moro, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

 
« Jamais plus » (avec Juliette Minvielle) : Image de prévisualisation YouTube

« Le Monde tourne encore » clip 2024 : Image de prévisualisation YouTube

4 Réponses à Prendre le Moro dents

  1. Anne 16 juin 2024 à 23 h 25 min

    Merci Michel, un bel article dont on espère qu’il aidera à faire connaître un peu plus Nicolas Moro, son album mérite bien d’être écouté, et son chanteur multi-instrumentiste aussi.
    Pour les chansons énigmatiques, je peux proposer quelques clés :
    « La casse » parle d’une vieille machine qui va au rebut.
    « Jamais plus », est plutôt une ode aux migrants qui disparaissent en mer.
    « Le melon », c’est le spectateur qui a la tête un peu trop farcie, et qui vient entre autre expliquer au chanteur sa propre chanson à la fin du concert, ou le même qui court les cocktails en la ramenant.

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  2. Kreitz 16 juin 2024 à 23 h 27 min

    Pardon M’sieur mais il est Montmo rit au nez!

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  3. Martine Scozzesi 17 juin 2024 à 10 h 41 min

    Hello l’ami Michel
    J’étais certaine qu’il te plairait ce Moro. Bravo pour le titre !
    Oui hâte que son talent d’auteur, compositeur, interprète et de surcroît excellent guitariste soit reconnu par les programmateurs de la Chanson Française. Qu’il passe dans tous les festivals et les salles de spectacles. Son humour, cinglant parfois, n’a d’égal que sa vraie gentillesse.
    Alors merci pour ton article Michel.
    Je t’embrasse
    P.S Dans mon dernier album, j’ai enregistré une magnifique chanson de lui « Une étoile »

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  4. Robert Gom1 17 juin 2024 à 20 h 03 min

    Découvert au hasard de mes pérégrinations sur le web, je kiffe grave ce super auteur, compositeur, guitariste, chanteur. J’ai hâte de la voir sur scène. Ce sera fait à Montcuq…

    Répondre

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