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Chanson à Volo

Volo à Venelles avril 2026 ©Catherine Laugier

Volo à Venelles avril 2026 ©Catherine Laugier

6 avril 2024, Venelles, MJC Allain Leprest à l’Étincelle,

 

Salle comble ce samedi 6 avril avec le florilège annoncé de dix ans – en fait vingt – de chansons communes à Frédéric, l’aîné (côté jardin) et Olivier (côté cour), les deux frères Volo, jamais l’un sans l’autre tels deux bessons. Cette fois-ci, à l’inverse de 2016, ils se suffisent à eux-mêmes et le chassé- croisé des voix, en alternance ou en chœur, et des instruments suffit à animer la soirée.

Un concert des frangins, c’est comme l’assurance d’une bonne soirée en famille. Il n’y manque ni le tonton qui dit des horreurs (enfin pas tout à fait, c’est plutôt un copain de droite), ni les réflexions sur l’actualité. Eux partagent le même engagement, une histoire de famille justement, originaire d’Ukraine, ce qui nous rend leur point de vue encore plus pertinent en ces temps de grands chambardements. Non qu’ils profitent de l’actualité pour nous donner des avis tout faits, que l’on connaît à l’avance. Au contraire, ces deux là, s’ils ont une analyse sagace de la société, s’ils savent utiliser finement la pointe de leur plume pour égratigner les incohérences, voire même l’essence de la société capitaliste, ne manquent pas non plus d’étaler leurs doutes, leurs questionnements sur la vie. Des rêves désabusés d’un Papy auquel on n’ose pas avouer que ses actions militantes n’ont pas changé le monde, des dernières promesses faites par deux frères contraints de  quitter leur pays « Ces odeurs ces couleurs cette fois la dernière fois / Retenir tout par cœur au plus profond de soi / Il est avec son frère, ils partent tout à l’heure », au décompte détaillé de tout ce qui ne tourne pas rond, exprimé doucement, sans haine mais sans oubli « Je me demande quand / Même si on sait qu’on va dépasser c’est sûr / Les deux degrés ou de force de la nature ».

Volo à Venelles avril 2024 ©Nicolas Blanchard

Volo à Venelles avril 2024 ©Nicolas Blanchard

Ici c’est de la Chanson française, se sont-ils présentés d’emblée, renvoyant dos à dos les Lady Gaga, Rihanna, Christina Aguilera, Madonna, Shakira …« Plus toutes celles que j’connais pas »,  « Des égéries en porte-jarretelles / Au cœur de cible du système » et la french touch de David Guetta ou les Daft punk qui se cachent. Et c’est bien toute la force de la  chanson, où la poésie surgit du quotidien comme de l’indignation.  Mais bien malin qui reconnaîtra qui a écrit/composé quoi (ils alternent) dans ces textes si intelligemment troussés, dans ces mélodies balancées.

Élancés,  fins et  élégants, ils semblent relativement indifférents au passage du temps qui ne fait que patiner leurs chevelures. Ce n’est qu’à l’étendue de leur répertoire que l’on s’aperçoit des années de création de chansons en commun. Sans parler de la période Wriggles qui a précédé pour Frédéric. Pour autant même les chansons les plus anciennes restent fraîches comme si elles venaient d’être écrites, et les souvenirs de jeunesse sont dépeints avec autant de pittoresque et d’acuité « Je n’ connais rien de sa vie / Je découvre son odeur / Et l’émotion qui m’envahit » que les angoisses de la quarantaine, qui se mêlent avec élégance aux questionnements sur La crise. C’est bien ce qui les caractérise le mieux, que cette capacité à mêler l’intime et le monde alentour, et qui touche tant leur public. Le temps passe et l’on s’adapte : « Si j’ai plus 17 ans et sans être trop vieux / Quand je croise un ado je me fous de sa gueule ».

Olivier Volovitch ©NicolasBlanchard

Olivier Volovitch ©NicolasBlanchard

L’expression est douce, l’émotion présente, les anecdotes s’interposent et l’humour fait passer même le plus difficile.  Il n’y a qu’eux pour justifier avec politesse un hold-up « En vrai je suis un gars honnête mais (…) j’ai des dettes » ou cacher, aux oreilles innocentes des enfants (qui d’ailleurs paraît-il, en ont entendu – voire vu – bien d’autres en ce premier quart du XXIeme siècle), en spiquant en english, des paroles aussi explicites que « C’est pas tout ça mais quand est-ce qu’on baise ». À l’inverse, se plaindre d’une nymphomane et envier ceux qui ne font pas l’amour tous les jours : « T’abuses ! » . Ou encore,  s’opposer à la violence, celle des voyous comme celle des policiers ou même de la justice, en langage soutenu « Son credo c’est plutôt « je vais t’ crever fils de pute » / J’ai du mal à me faire à ce qu’il vient de dire / J’ai du mal et j’espère qu’il va y réfléchir / Sa réponse n’est pas la solution et je crois que son interprétation de la situation est dénuée de réflexion ». 

Fredéric Volovitch ©Nicolas Blancherd

Frédéric Volovitch ©Nicolas Blanchard

À côté des chansons sur l’instabilité affective, il y a aussi des merveilles d’émotion sur les liens vrais qui s’établissent dans un couple « Et si c’est le temps qui passe / Qui fait qu’on se connaît / Il faut que le temps passe / Et ne s’arrête jamais », ou « C’est lire dans tes soupirs / C’est traduire tes SOS / C’est toi, c’est moi, c’est nous ». Mais aussi en famille ou entre amis « Parents, frangins, nous les enfants / Des gens qui s’aiment, qui se racontent / De temps en temps / Et le dimanche, on se promène », à regarder grandir sa fille, avec ces jolis clins d’œil à Bashung, Joséphine. Ces titres mélodieux et tendres qui font définitivement  partie de notre patrimoine. Même le dernier râle peut s’aborder avec délicatesse, s’il finit au bord d’un lac, « dans l’herbe, sur le dos / Dernier soupir, les pieds dans l’eau ». 

Un concert d’une grande tendresse, d’une incroyable générosité  (quelque vingt-cinq chansons issues d’une demi-douzaine d’albums) pour un répertoire solide et cohérent, qui a emporté le public. 

 

La page facebook de Volo, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’eux, c’est là.

« Élisa » (2005), acoustique 2022 Image de prévisualisation YouTube
« Papy », 2022, acoustique Image de prévisualisation YouTube

 

 

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