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Mouhet 2024. L’imposant souffle de Ben Herbert Larue

Ben Herbert Larue et ses musiciens (photo Christophe Gibeau)

Ben Herbert Larue et ses musiciens (photo Christophe Gibeau)

20 mai 2024, Festiv’en Marche, Mouhet (36),

 

C’est l’un des artistes les plus en vue dans l’actuelle chanson et c’est peu dire que ce n’est pas prêt de s’arrêter. Voir Ben Herbert Larue en scène est un moment d’exception. Ce concert de clôture du festival en fut comme le feu d’artifice, à coup sûr les plus belles fusées. Dans cette grange où chaque année trône un gigantesque portrait de Leprest, la présence de Larue prenait une dimension particulière : sans voir en Ben Herbert le successeur, l’héritier, on ne peut s’empêcher de souligner le cousinage, la filiation entre les deux…

Vu le titre de son dernier disque, Souffle(s), on ne peut manquer de souligner que, justement, Larue n’en manque pas. Souffle poétique d’évidence, avec tendresse, avec colère aussi. C’est une poésie de combats, de rimes sans répits ni repos, qui participe à nos envies de nous battre contre l’inéluctable, la fatalité, contre l’arbitraire : pas une chanson à scander dans les manifs, mais une qui vous en montre le chemin : « On se bat pour grandir sans crainte / Sans se soumettre à l’injustice des violent.es et leurs contraintes / Avec le doute de nos vies imparfaites… »

La détermination dans le calme, la sérénité de ses mots, la douceur de ses musiques. C’est remarquable. Une salle pleine comme un œuf, une écoute attentive, des applaudissements nourris : chacun sait qu’il vit là des instants précieux. 

(photo Didier Kovacs)

(photo Didier Kovacs)

Visuel impeccable et sobre : rideaux noirs que les projos teintent de bleu ; le pianiste au chapeau carré à un bout, le contrebassiste au béret à l’autre bout, au milieu le chanteur au chromatique et l’instant d’après à l’ukulélé. Des chansons qui s’étirent dans le calme des notes, troublé ici ou là par une trompette. Des mots qui font des chansons mais, plus encore, élaborent une puissance poésie avec sa part de folie et de folle indépendance. Et « des mots tendresse / des mots cerises / qui se glissent au creux de la main ». Des souffles sur nos bobos de l’âme, de nos vies, de nos luttes. Et « des choses simples et douces / des rires / qui s’arrachent, qui repoussent / des mains qui parlent / des couvre-feux / qu’on respectera jamais… » La voix est douce, apaisée. Et paradoxalement chargée, éraillée, à la manière du Lantoine : sans doute de trop de choses à charrier, sans doute d’avoir un jour trop crié. « A l’autre bout du monde / J’entends un cri dans la tempête / La folie qui s’écrit / Dans l’histoire qui se répète… »

En ce lieu, bien peu étaient ceux qui connaissaient Ben Herbert Larue : ils en seront désormais les plus fervents laudateurs, qui perpétuerons longtemps ce moment de grâce peu commun.

***

Malgré une tournée faite de nombreuses dates (il sera cet été sur la grande scène de Barjac), Ben Herbert Larue n’envisage pas moins de reprendre le fil d’étonnants ateliers d’écriture qu’il mène auprès de particuliers. Les écouter, les questionner et faire de la vie de chacun une chanson originale, forcément émouvante quand une vie et ses reliefs, ses joies, ses espoirs et ses chagrins se retrouvent musiquée, en alexandrins. Nous y reviendrons.

 

Le site de Ben Herbert Larue, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

 

« C’est rien » : Image de prévisualisation YouTube

« Le Chantier » : Image de prévisualisation YouTube

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