Nougaro, tel un commando
18 mai 2024, Festiv’en Marche, Mouhet (36),
C’est fou comme ça fait du bien de se reprendre un peu de Nougaro, se remettre en tête les chansons du Toulousain. Si ce trio porte le nom de « Tribu Nougaro », n’y voyez pas l’expression d’un clan de la ville rose : c’est plutôt « tribu » comme « tribute », comme un tribut aussi, un écot pour faire écho.
Ce sont trois, chanteur (Laurent Malot) et musiciens (Franck Steckar et Christophe Devillers) d’exception : Nougaro jadis ne s’est d’ailleurs jamais entouré que de gens hors pair. Eux, en perpétuant sa voix, poursuivent sa voie.
Tout est réuni ici pour un concert d’exception : il suffit de peu, d’une pièce dans la machine, dans nos caboches, pour que se réveillent des chansons enfouies dans nos disques durs juste encombrés par d’autres qui s’y sont entassées au fil du temps. Dès les premières notes de Sing Sing, Quatre boules de cuir, Tu verras ou Don Juan, juré que tout nous revient, intact, puissant, d’autant que notre trio sur scène est peut-être ce qui se fait de mieux en ce domaine, le nec plus ultra, les messieurs Claude du genre, experts es-plaisir et délicatesses buccales.
La séance avait commencé dans une grande économie de notes, les deux musicos déjà sur scène, Malot arrivant de la salle : les premiers vers a cappella et un autre (vocable frère mais d’orthographe voisine) rempli de rouge gouleyant. A la vôtre !
Ce sera récital classique, mais pas au sens où on l’entend habituellement. Simplement le récital d’un grand classique de la chanson, un de ses piliers. Classique et classieux. Un jamais vieux dont ces trois-là nous tirent du presque neuf, rutilant et, ma foi, inoxydable. Difficile à croire que Nougaro est sorti de son œuf il y a déjà quatre-vingt quinze ans alors qu’il semble nous sourire de toutes ses dents, même celles (en disques) d’or.
Malot et ses deux complices en sont admirateurs et n’en font pas grand secret. Ils le restituent et le font partager : ce concert est dans toute la salle pour un public enthousiaste, le point d’orgue de ce festival sans doute, celui dont on parlera longtemps encore.
La scénographie est ainsi faite que même Nougaro intervient, précédant Malot ou lui répondant, même en simultané, attestant que les deux parlent d’une même voix, l’un sur la terre ferme, l’autre dessous.
Il y a pléthore de chansons, avec parfois l’astuce de les faire fusionner : ainsi Armstrong, L’Amour sorcier et Paris mai qui infusent ensemble, se confondent, se fécondent, accouchant d’un chant plus encore incandescent. Brésilien et Tu verras pareillement : Nougaro est toujours terrain de création, d’expérimentation.
On pourra disserter longuement sur ce tribute, cette tribu : la matière est généreuse à souhait. Hors le talent de ces trois-là, retenons qu’il est cette magnifique séance de rattrapage, ce sublime cadeau qu’on n’aurait su espérer et nous comble d’un infini bonheur.
Le site de Tribu Nougaro, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’eux, c’est là.
Ce récital est absolument excellent : un magnifique hommage à Nougaro