Christiane Stefanski, 1949-2024
La mort de Bernard Pivot a complètement occulté dans les médias la disparition de Christiane Stefanski ce 6 mai 2024 à l’âge de 74 ans. Très peu connue en Belgique et presque totalement inconnue en France, cette interprète belge d’origine polonaise mériterait d’être (re)découverte. Pour avoir tous ses enregistrements et l’avoir entendue à de nombreuses reprises sur scène, je suis certain que nous perdons une personnalité hors norme.
Née le 28 décembre 1949 à Saint-Nicolas (Liège), elle restera toute sa vie attachée à la « Cité Ardente » de son enfance. Après quelques participations à des albums collectifs engagés entre 1975 et 1979 (Autour des usines, Survivre à Couvin, Contr’Eurovision), il faut attendre 1980 pour qu’elle autoproduise son premier 33 tours avec des chansons d’Anne Sylvestre, Annkrist, Gilles Servat et Michel Gilbert. En 1982, un deuxième album « Le pays petit » est publié avec des chansons de Claude Semal (La Ballade du Passant et Le Pays Petit), Henri Goldman ou Irène Kaufer. La même année, elle remporte le prix de la meilleure chanson et le prix de la presse au Festival de Spa. En novembre 1983, elle enregistre son troisième album qui sort début 1984. En 1985, elle participe au festival de la jeunesse à Moscou et entame une série de tournées en France et en Suisse. En 1987, Jacques Stotzem, Thierry Crommen, André Klénès et Christiane Stefanski fonde le groupe de blues « Lush Life » qui effectue une tournée en Allemagne et en Belgique en 1988. En 1989, Philippe Libois, Vincent Libon, Dacos et Christiane Stefanski élaborent un spectacle autour de poèmes de Fernand Imhauser.
En 1994, elle sort son premier disque compact, Carnet de doutes, chez Franc’Amour. En septembre 1997, elle enregistre un album en public « Sawoura » (saveur en wallon) au Trianon de Liège. En 2001, elle participe au festival « Mars en Chansons » de Charleroi et est en juillet de la même année au festival « Chansons de Parole » de Barjac. En 2007 paraît son dernier disque compact Belle saison pour les volcans où elle chante France Léa, Suzanne Jacob, Jacques Brel, Raymond Assa, André Bialek, Léo Férré, Claude Nougaro, Anne Sylvestre, Claude Semal et Michèle Bernard, excusez du peu !
Sur scène, l’artiste devait à chaque fois vaincre un trac énorme et lutter contre quelques petits accidents de mémoire. Mais elle n’avait pas son pareil pour s’approprier les mots et les notes des auteurs et compositeurs qu’elles choisissaient avec autant d’exigence que d’amour. Ses interprétations, tantôt jazzy tantôt latino, dégageaient une émotion à fleur de peau. Impossible d’assister à l’un de ses spectacles sans avoir à un moment ou à un autre la chair de poule.
Il nous reste ses disques. Si vous ne connaissez pas Christiane Stefanski, écoutez Infinitif de Gilbert Laffaille ou la célèbre Lily de Pierre Perret sur son album Carnet de doutes. Sur son second disque compact, je vous propose Les Gens qui doutent d’Anne Sylvestre ou La Rivière Bambou de Bruno Brel. Enfin sur le dernier CD, il faut absolument écouter le bouleversant Les Petites filles de Claude Semal. Émotions garanties !
« Les Petites filles » (en duo avec Jacques-Yvan Duchesne) :
C’est une grande dame qui disparait, une interprète de grande classe. Je me souviens avec émotion de magnifiques concerts.
Merci pour cet hommage
Michel