Cactus de Flo Catteau, un album qui ne se pique de rien
S’ouvrant sur un anodin cactus, de fluides allitérations – « un peu de mystère / un peu de mystique / beaucoup de Mexique dans ta vie » – et de gais arrangements, ce deuxième album de Flo Catteau, auteur-compositeur-interprète venu des sables colorés de Provence, est vert, vert comme cactus bien sûr, vert comme l’amour, vert comme la fraîcheur pop qui peut se dégager de ces chansons faciles à chantonner.
Vert, donc, comme l’amour qui est le thème de prédilection de ces dix titres : l’amour tout frais, l’amour demi-teinte, l’amour regret, l’amour pas très profond, l’amour encore et toujours. Rien de vraiment piquant dans l’objet des chansons de cet album ; le thème est connu, les images aussi : « j’ai disparu de ta mémoire / je n’y suis plus / il est trop tard », « comme ces dimanches / où je noie mes chagrins », « mais il me reste la musique au fond du cœur/pour consoler ma peine » – ou encore comme dans « Barcelona », où ville et amour se retrouvent facilement entrelacés : « il faut que je me passe /de tes rues de tes impasses ». N’y cherchez pas de la poésie, de nouvelles et fulgurantes images ; simplement de la chanson.
Car dans chanson, il y a aussi musique : cet album est fort réussi dans ses arrangements, lesquels viennent largement flirter avec des ciels hispaniques, africains ou brésiliens (Joao de Athayde), notamment ceux du reggae, nous laissant partir par moments sur de belles envolées envoûtantes : « Mode avion », planant sous la musique d’Eric Triton, guitariste et chanteur de blues mauricien, ou encore ce « Retour à l’anormal » fait par l’épique violon de Deanima.
La chanson de Flo Catteau est aussi une chanson qui joue sur l’agréable répétition (ce qui nous pousse à chantonner) et d’intéressantes paronomases, citons notamment le jeu sur « s’en lasser / s’enlacer ». Certaines sont certes un peu plus forcées : « dire que je ne t’ai plus / pourtant je t’ai plu », une assonance en [y] peut-être un peu trop martelée ; mais il y a aussi de belles trouvailles, d’irrévérence par exemple, à trouver dans Gentil, titre qui clôt astucieusement ce voyage en amours. De la chanson pour déchagriner vos dimanches, en quelque sorte.
Étrangement ou peut-être par convergence des choses, le titre à mon sens le plus réussi – tant dans les paroles que dans sa musique – est cette valse à l’accordéon (Yves Routhe), métachanson qui parle d’écriture et de la « page blanche » : « depuis quand les pages blanches / ne disent plus rien / […] elles parlent plus dans leur silence ».
Flo Catteau signe ici un deuxième album amoureusement doux-joyeux, à rapprocher sans aucun doute des artistes dont il a fait et fera la première partie : Jérémy Frérot, Ours (fils d’Alain Souchon), Julie Zenatti ou encore Calogero. Bref, un album de chanson sans prétention, qui ne se pique de rien sinon de chanter ce qui parle directement à l’esprit et au cœur… et de nous offrir le plaisir de le chanter aussi !
Le site de Flo Catteau, c’est par ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est par là.
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