Georges Chelon, sur un mode acoustique et apaisé
Avec près d’une cinquantaine albums au compteur (compilations et en public inclus), considérez que l’absence mise en exergue n’est pas celle discographique, le précédent album, Ah ! La vie…, remontant à il y a à peine deux ans. Non, c’est la chanson-titre, celle qui ouvre ce double album : le seul inédit dans cette « compilation », brassée de chansons plus ou moins connues (mais sans Père prodigue ni Évelyne ni Sampa, souvent repris), toutes réenregistrées pour l’occasion, sur « un mode acoustique et apaisé », sous la direction et les arrangements de Pierre-Louis Cas, par ailleurs à la flûte et au synthétiseur (les autres musicos sont Alain Chareyras à la basse et Joël Roulleau à la guitare). Une chanson qui participe à cette obsédante thématique, présente sur tous les précédents album : la mort à venir, que ce soit la sienne ou, c’est ici le cas, celle d’autrui : « On te croyait perdue on te croyait partie pour le dernier voyage / Mais tu est revenue parmi nous, les vivants / Pour qui ne pèse rien quel immense courage / De décider de vivre encore un bout de temps ».
La sélection des vingt-deux titres est judicieuse, tant que d’aucuns pourraient le prendre pour un nouvel album, ce qu’il est à sa manière.
A quatre vingt un an, Chelon (qui a débuté il y a presque six décennies) n’a rien abdiqué de son art, si ce n’est une voix un peu plus lourde, encore que, timbre voilé du poids des ans. Mais pas du charme qui toujours opère. Charme ici multiplié par la présence sur quatre titres (Prélude, La Clef, Pour la dernière fois et Girouette) en duo avec Leïla Daquin, chanteuse à qui on doit, en juillet de l’an passé, l’album La Môme.
« L’intelligence et la poésie ne sont médiatiquement plus de mise » affirme le site du chanteur en objectant que Chelon, lui, « ne cessera jamais d’exister et de chanter, de prouver que le sens de la carrière, tellement à la mode de nos jours, n’a que peu de rapport avec la réalité de l’existence et de ses accomplissements ». C’est vrai que, dans l’actuel paysage de la chanson, Georges Chelon fait un peu configuré dinosaure, survivant d’une autre époque, où la chanson quand même avait une tout autre gueule. C’est dire si c’est agréable, même et à plus forte raison si c’est à contre courant, de l’accompagner au bout de son art, le plus loin possible de sa démarche artistique.
Georges Chelon, Absence, EPM/MCA/Universal 2024. Le site de Georges Chelon, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. Pour commander cet album, c’est ici.
« Absence » :
« La clef », avec Leila Daquin, Roubaix 2022 :
Merci pour ce très bel article sur Georges Chelon, son immense talent et la pureté de ce dernier album. Chelon, un régal, comme toujours.