Noé Preszow, engagé sur une voix d’urgence
L’année de ses 30 ans Noé Preszow (prononcez prèchof) s’impose avec un deuxième album qui conjugue les thèmes d’actualité et l’introspection. L’intime et le monde comme le dessine le premier titre. L’ambition s’affiche en cette ouverture. « Une chanson qui dirait le début et la fin / le chagrin inouï et les joies éternelles / Le passé incomplet, l’avenir incertain / Ici un coup de feu / Là un battement d’ailes ».
Sur la pochette le citoyen belge court sur des chemins d’adoption nord ardéchois vers une destination inconnue et dans l’espoir de goûter une fois encore des ciels étoilés. Le paysage défile et les sentiments avec. Le temps de le dire et de le chanter semble pressant tant la volonté d’évoquer l’urgence sous-tend nombre de ses chansons. C’est que l’époque est rude nous confirme l’artiste qui s’est connaître avec la chanson « A nous » déjà bien engagé dans un registre qui lui est propre.
A la première écoute l’on est saisi par le singulier du propos. Les percussions sonnent justes et fort. La lecture des journaux a inspiré l’auteur-compositeur-interprète. La Méditerranée, Odessa, Téhéran, autant de pastilles d’actualité. Touché par la montée des populismes d’extrême droite cela donne Juste devant. « Nouveaux visages, nouvelles dégaines / Mais les discours on les connaît » note non sans inquiétude qui se dit volontiers en lien avec Angèle et Stromae, pour ses compatriotes. Il faut dire que le gaillard a fait ses classes en écoutant Lavilliers, Renaud, Hubert-Félix Thiéfaine et quelques autres rockeurs, rappeurs sensibles à une poésie incarnée.
Changement de décor mais ambiance toujours douloureuse avec La gare. Quand il faut partir en exil depuis un pays en guerre. L’Ukraine en l’occurrence attaquée par un tyran, « Un petit mec / (qui) Envoie des milliers d’autres mecs / faire sauter les villes et les gens / exécuter des petits plans. ». Comme on l’entend Noé ne saurait attendre le déluge (toujours possible) sans réagir, s’indigner, « Hurlant dans le vent mes doutes à l’unisson. ».
L’intime s’exprime dans un titre autobiographique Prèchof, où il parle de ses ascendances avec des racines juives polonaises, des origines grecques et moldaves et une de ses deux grand-mères née en Palestine.. « Il s’agira toujours de venir de nulle part / Il s’agira toujours d’un poème qui répare / Il s’agira toujours d’une chance à entrevoir / Il s’agira toujours de partance et d’espoir ». La romance se fait plus discrète mais présente, avec la ballade Charlotte, jeune femme croisée jadis. Qu’on se le dise, pas question de baisser la garde. « Sois Cyrano / Monte-Cristo et moi je serai Antigone » (L’âge que l’on se donne).
Noé Preszow a su s’entourer pour cet album aux accents rugissants. Avec notamment le bassiste Romain Descampe et le batteur Ziggy Franzen, comme co-réalisateurs venus du groupe Puggy et renforcé par la présence d’Ambroise Willaume, alias Sage, à la co-composition de cinq titres. Dont l’introspectif Comment fais-tu pour vivre ?, « Qu’est-ce qui te délivre de cette époque de fous, est-ce que tu tiens le coup… / Qu’en est-il de ta joie ? ».
Noé Preszow, « Prèchof », Tôt ou tard , 2024. En concert à Rennes le 2 mars, Bagnoles de l’Orne le 29, à la Cigale, Paris le 3 avril. Le site de Noé Preszow chez Tôt ou Tard, c’est ici. La page facebook de Noé Preszow, c’est là; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est ici
« L’intime et le monde » clip 2023
« Préchov », audio/paroles
« Charlotte », session 2024
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