Sabine Drabowitch, une poésie de chaque instant
« Voilà l’écume lente / Voilà mon indolence / Voilà mon âme vague / Voilà la déferlante / Se défait le solide / Entre tes doigts de fée / Se dissout le surfait / Entre tes bras liquides / Voilà la déferlante… ». Sixième album de Sabine Drabowitch, comme pour la plupart réalisé avec la complicité de Michel Taïeb. Avec des mots non forcément surprenants mais toujours d’un agencement audacieux, d’une remarquable harmonie. C’est une poésie de chaque instant, avec de vrais morceaux d’incongru dedans. On y promène son kangourou sur le pont des Arts, dans les nuits de plomb se versent les couleurs du jour, les paupières sont d’écaille, la mâchoire de plume, on entre dans l’entretemps… Telle est Sabine Drabowitch dont la voix donne la profondeur de ses propres textes aux frontières parfois du surréalisme. Dont l’art est intemporel et si des mots résonnent parfois avec l’actualité c’est pure coïncidence, c’est que le poète toujours se heurte à la vie. Par son écriture à nulle autre semblable, « sur des mélodies et des harmonies draboviènes originales », Drabowitch occupe une place toute particulière et attachante dans la chanson : « Les battements de nos cœurs solitaires transmettent leurs ondes à l’atmosphère, y font naître une pulsation, une musique qui nous est commune, bruit blanc qui en retour influence nos cœurs qui tendent à battre tous sur le même tempo » est-il écrit au dos de cet album..
A l’origine artiste tant de scène que de mise en scène, danseuse aussi, Sabine Drabowitch est entrée en chanson par les ateliers d’écriture d’Allain Leprest et les soirées du Café-Concert Ailleurs. Elle y côtoie un peu de la crème de la chanson actuelle (Le Limonaire devient son antre), dont Wladimir Anselme qui réalisa, il y a vingt ans, son premier album (le second le sera par Bertrand Belin, les suivants par Michel Taïeb). Manifestement, la chanson est un mode d’expression fait pour elle : elle s’y investit. Ce fut le début d’une aventure qui depuis se poursuit, en France et en Chine où elle semble avoir un public. Si ce Bruit blanc est millésimé 2023, son précédent album, Phréatique, remonte lui à 2017, où elle consacrait justement un titre à Du Chinois.
Sabine Drabowitch, Bruit blanc, Séraphique productions/InOuïe Distribution 2023. Le site de Sabine Drabowitch, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
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