David Scrima, le quinqua extra

David Scrima Photo ©Louise Scrima détail

On dit parfois que la vie commence à 50 ans. Concernant son existence artistique, David Scrima, fringant quinqua, ne contredirait probablement pas l’adage. Son premier album vient en effet de paraître. Alléluia ! Tout vient à point à qui sait attendre…

David Scrima n’est cependant pas tout à fait un inconnu. Il a derrière lui un passé d’illustrateur et est l’homme de l’ombre des Limites, premier tube de Julien Doré. Mais puisque l’on n’est jamais si bien servi que par soi-même, il s’est décidé, avec l’aide de Mark Daumail (du groupe Cocoon), à se jeter dans la lumière, ajoutant le costume d’interprète à sa panoplie d’auteur/compositeur.

L’œuvre s’intitule Gardien de musée. C’est une réjouissante galerie de chansons pop d’une efficacité redoutable. Notons donc que la pochette de l’album, d’une lisibilité fort restreinte, ne reflète guère le contenu qu’elle illustre, tant la fluidité et l’évidence musicale y sont de mise. De la pop brillante à la française, comme les Innocents faisaient jadis ou Olivier Marguerit aujourd’hui. Avec des mélodies enlevées, des refrains qui coulent tout seuls, des paroles légères au sous-texte profond. Que du bon.

Le morceau d’ouverture, par exemple, Comment ça va vite. Une musique guillerette pour un constat amer et une invitation à jouir de la vie. Du Carpe diem pop. Imparable ! Ou le titre suivant, La vie sauvage, qu’on imaginerait très bien chanté par -M- : un rif de guitare, un refrain qui fait sourire (« Allez hop ! On s’met tous à poil ») et une réflexion en filigrane sur le diktat de l’apparence. De la chanson comme on l’aime, sans prise de tête mais pas niaise pour autant. Vous en voulez encore ? Ecoutez CBi1Fé, avec son intro à la Voulzy et son ambiance country, ou le plus dépouillé Gardien de musée (en 2 parties et aux relents d’autobiographie, le chanteur ayant exercé cette noble profession), qui assume sa parenté avec Souchon en se permettant de le citer. On achèvera la balade avec On va tous mourir, pendant de la chanson d’ouverture, avec cette guitare acoustique qui nous ramène à la simplicité et à l’essentiel.

Vocalement, David Scrima se place dans la catégorie des voix légères, un peu fluettes, au chant maîtrisé qui ne cherche pas les effets. Gérald Genty et Mathieu Boogaerts ne sont pas loin. On a connu pire compagnie.

Gardien de musée est donc une splendide découverte, qui vient directement se placer parmi les meilleurs albums de pop française. C’est frais et acidulé, artisanal sans paraître fauché, d’une naïveté assumée et d’une sincérité touchante. Un disque touché par la grâce ? Le fruit d’un travail de longue haleine surtout, qui aboutit à une première œuvre dénuée des scories des débutants. Les boomers en ont encore parfois sous la pédale (de guitare).

Davis Scrima, Gardien de musée, Yum Yum Records/Believe, 2024  La page FB de David Scrima, c’est ici.

« Comment ça va vite » clip 2024 
« Gardien de musée » clip animé 2024