Cory Seznec « Comparaison du poisson »
Je suis poisson, je suis oiseau,
Je vole en l’air je nage dans l’eau,
En l’un et l’autre ma vie,
Misérablement poursuivie,?
Fuit et re-fuit son ennemi,
Qui n’a jamais l’œil endormi;
Sans cesse tachant de me prendre,
Moi qui n’ai de quoi me défendre
En l’un et en l’autre élément
Doublant ma fuite et mon tourment;
Je suis poisson, je suis oiseau
Cory Seznec
Paroles Guillaume Coppier, Musique Cory Seznec. Extrait de l’album « Deep of Time » 2024
Enregistrée cet été dans les Cévennes avec Daniel Mizrahi à la mandoline et Marius Pibarot à la contrebasse. Écoutez-là aussi en simple version acoustique à la guitare lors du tournage d’un documentaire en 2022.
Cet album né en confinement et enregistré en France, interroge les profondeurs du temps, cette notion qui évolue tellement en fonction des circonstances. Un album introspectif, contemplatif à la riche ambiance musicale, folk-rock traversée de rythmes africains et américains, dans un courant fluide et profond où batterie, percussions, cuivres de la trompette au sousaphone, harmonica de David Chalumeau, se mêlent à l’orgue et aux cordes, à ses guitares, banjos et celle de Daniel Mizrahi, la pedal steel, la contrebasse…
Voyage intérieur, voyages imaginaires, solitude, nostalgie, sens de la vie, amours, désirs et aventures sont analysés finement par Cory, songwriter profond qui tire partie de ses nombreux voyages et expériences musicales en Amérique (il est franco-américain), au Royaume-uni, en Afrique, du Mali à l’Éthiopie en passant par le Kenya, collaborant avec de nombreux artistes africains, dont le dernier, le sénégalais Amadou Diagne. Explorateur jamais lassé de contrées, de musiques et d’âme humaines. Si l’on y rajoute sa voix douce et prenante, montant parfois dans des hauteurs légères, les chœurs, et la coréalisation pointue de Jean-Etienne Loose et Geoffroy Dauptain de Tonehouse Studio, on n’a qu’un envie, se noyer dans son Ocean of memory, se perdre sur sa Lonesome road.
Dans ses trois derniers albums, il mêle assez souvent une chanson en français, collectée dans un répertoire traditionnel. Celle-ci est un poème d’un chroniqueur du XVIIeme siècle dans son récit Histoire et voyage des Indes occidentales, qu’il a mis en musique dans un style qui s’inspire de musiciens du Zimbabwe. C’est une fable qui enseigne à l’homme une patience toute stoïcienne : « Sinon pour enseigner / L’homme, qu’il ne faut dédaigner / La condition la plus dure / Qui se trouve dans la nature / Mais paisiblement supporter / Le mal qu’on ne peut éviter ».
Il se trouve aussi un autre texte en français, une histoire d’amour dans le bayou de la Nouvelle-Orléans pour une petite bretonne que l’on critique, Plouk Mama, « On danse le Jibidi, on danse Counjai / Puis on va danser avec les Indiens / Avec les Indiens avec les Indiens / Plouk Mama tu es ma petite reine / Tu peux être sûr que tu vaux la peine », sur un vieux style de guitare du Kenya , l’omutibo. Dans l’album précédent, « Eyes on the rise », J’ai marié un ouvrier est un traditionnel du Tennessee.
Cory Seznec est en concert le 9 mars 2024 à Auxerre et le 27 mars au Studio de l’ermitage à Paris, avant de partir pour une tournée au Royaume-Uni.
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