La Bricole « Tu leur diras »
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T’es libéré, t’as bien d’la chance
Tu vas quitter ce sale patelin
Revoir le doux pays de France
Tu r’verras p’t-être plus l’frangin
Tu vas pouvoir leur dire des choses
Sur l’existence qu’on mène ici
A ceux qui croient que c’est tout rose
Tu leur décriras notre biribi*…
La Bricole
Image d’illustration pochette Jour de Malheur, 2020
Paroles Auguste Fournier, Musique Ferdinand Benech. Inédit discographique.
La Bricole, c’est le duo Vincent Brusel (chant, mandoline) et Olivier Catteau (chant, mélodéon) qui chantent des chansons maritimes du Boulonnais. Celle-ci, ainsi que Histoire de rire (« Fait en rade de Tanger, le 31 octobre 1907. Par un jour d’ennui, sur l’air de La petite tonkinoise ») est tirée du cahier d’Auguste Fournier, d’Étaples, qui écrivait ses chansons sur des timbres connus : pour Tu leur diras, c’est Du gris « que l’on prend dans ses doigts / Et qu’on roule », chanson de 1920 dans la veine réaliste interprétée par une foule de chanteur.teuses dont Georgel, Berthe Sylva et Damia, et, plus près de nous, Colette Magny, Marie-Paule Belle, Renaud ou Agnès Bihl.
Comme il était courant à l’époque, Auguste Fournier, pour tromper son ennui, écrivait des chansons sur des airs préexistants, ce qu’on qualifie de goguette actuellement. Les marins de l’époque allaient faire leurs années de service militaire aux colonies, et finissaient parfois au biribi*, établissement pénitentiaire pour soldats indisciplinés, en Afrique du Nord autrement dit bagne colonial. Cette chanson est particulièrement émouvante, adressée par ceux qui restent à celui libéré, de retour en France, pour transmettre ce message touchant à leur famille : « Et si tu vois notre maman / Qui te questionnera certainement / Tu leur diras tout d’abord qu’on les aime / Qu’on a eu tort d’les avoir fait souffrir », et rappelle le thème éternel de la chanson folk trad The house of rising sun adaptée en Le pénitencier, avec une conclusion plus positive cependant, et des avertissements aux plus jeunes pour qu’ils ne prennent pas le mauvais chemin.
Une troisième chanson évoque la tragédie du sous-marin de l’Ondine, en 1928, parti de Cherbourg pour Bizerte, abordé par un cargo grec, coulé corps et biens avec ses quarante-trois membres d’équipage. La chanson, Les victimes de l’ondine, a été copiée en 1931 à bord du torpilleur Le frondeur, nous indique le duo. L’auteur en est inconnu et la mélodie reste entraînante.
Ces trois nouvelles chansons viennent se rajouter au répertoire du duo, qui a déjà publié Ne vous faites pas marins, en 2016, et Jour de malheur, en 2020, relire l’article de Michel Kemper à l’époque, ce qui nous laisse espérer un nouvel album…
Vincent Brusel que nous avions rencontré avec cette flamboyante sorcière (sans jeu de mots) Faltahom, est conteur, chanteur guitariste, auteur-compositeur de « chansons sur pilotis » en solo. Il a publié sept albums, dont un EP en 2009, Chansons de filou, et deux albums, Les amuseurs d’oiseau en 2012 et Danses sur le feu en 2015, puis Deux mètres au-dessus de l’eau en 2023. Parmi ses récentes chansons, on peut écouter la poétique Prunellier.
En concert le 26 mars 2024 à Sète. À suivre sur le site de La Bricole.
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