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Nawel Dombrowsky trio, gâteau au poivre et à la crème

Nawel Dombrowsky en trio à Venelles Photos ©catherineLaugier

Nawel Dombrowsky en trio à Venelles Photos ©catherineLaugier

18 novembre 2023, « Les femmes à la cuisine », Nawel Dombrowsky en trio à la MJC de Venelles


C’est un des derniers concerts de ce spectacle, Les femmes à la cuisine, qui a récolté tous les suffrages aussi bien à Barjac qu’à Paris ou en Belgique à Stavelot, où notre trio était quasiment inconnu. Ne vous y trompez pas, si vous vous attendiez à ce que ce spectacle prône le retour de la femme au foyer, en idole soumise suprêmement confinée à la reprise de vos chaussettes, Messieurs, comme le préconisent, par un retour inattendu, ces masculinistes qui ne voient dans la femme que le moule à faire des petits soldats de la nation, vous allez vers une grosse déconvenue. Même si c’est un homme, Yanowski, dont la plume acérée nous a habitués à décrire les tréfonds du cœur humain, même les plus noirs, dans une ambiance de cabaret brechtien ou de cirque de  monstres à la Freaks, qui en a écrit les textes, il a taillé ses mots à la juste mesure du talent de comédienne, danseuse, chanteuse, de Nawel. Habituée des contes burlesques, la Nana de Belleville a à son actif l’interprétation de la grande chanson réaliste de la première moitié du XXème siècle, Fréhel, Damia, Berthe Sylva et Piaf, mais aussi de la chanson jazz et de la chanson française, dans le plus vieux cabaret de Montmartre, Le lapin agile, ou au Connétable.

On ne s’étonnera donc pas de la retrouver dans un répertoire néoréaliste s’attaquant à toutes les idées réactionnaires, et bien d’abord à l’assignation genrée - non seulement les femmes ne seront pas reléguées au gynécée, nonobstant Nougaro qui les voit en déesses de la pâte à tarte (qui lève, qui lève…), mais si elles mijotent à la cuisine ce sera une mixture à faire sauter la banque, ambiance mafia marseillaise des années 30, où l’on retrouve tant maire que juge ou préfet ; mais encore elles revendiquent le droit, comme les hommes, de se rincer l’œil et de jauger de visu l’estoc indispensable. C’est là qu’on apprécie le naturel avec lequel, si j’ose dire, Nawel sait mettre les multiples appellations de la chose en bouche, merci à la verve imaginative du sieur Yann’ovski.

Dombrowsky Trio Instinct maternel_2023 11 18_2030 490x368Dans cette poésie sulfureuse où se cachent l’humour et la tendresse au quatrième sous-sol, Nawel par le truchement de Yanowski ne renonce pourtant à aucun des aspects de la féminité, n’en déplaise aux nouvelles féministes : elle vient à vous transie, s’anéantit dans de grands bras pour des nuits de vertige, sans oublier le meilleur moment : l’attente tremblante du premier rendez-vous. Chante la nostalgie de l’enfance (écho de Barbara), comme les affres de la jalousie ou de la maternité, quand on a envie de jeter par la fenêtre l’enfant qui ne fait pas ses nuits, ou fantasme dans les bras d’un Bébère la brute (sous-titré chanson féministe). Comédienne achevée, chanteuse de talent, conteuse humoriste, elle chante, danse, clame, témoigne, distille l’émotion, tient le public en haleine avec un naturel renversant. Le piano de Nolwelnn Tanet, la contrebasse d’Hélène Avice, leurs jeux, leurs chœurs, le son et les lumières sont plus qu’accompagnement : la crème sur le gâteau !

Dombrowsky Trio euros_2023 11 18_2028 490x368Mais la plume baroque de Yanowski, tout en empruntant son répertoire à la chanson dramatique ou au cabaret, n’oublie pas l’inspiration révolutionnaire, tendance anarchiste, d’un Couté : c’est un vivant plaidoyer contre la misère, celle des « passants que la vie a laissé de côté » qui furent jadis « ces enfants courant sur la plage » ; contre l’exil, en une ballade déchirante, Le départ, où tous les rêves seront déçus (mais il ne faut pas le dire aux enfants) ; contre la guerre, avec cette fresque rouge sang, où Nolwenn abandonne le piano pour l’accordéon, La bataille de l’Ebre, trop tôt oubliée « Que locura [folie] la guerra » ; et plus près de nous, avec une virulente ironie, contre cette « époque pécuniaire » qui fait perdre tous les idéaux et les rêves pour « marchander la vie humaine / Prenant ce bas monde à l’inverse / Pour une étude de commerce ».

Nul doute que le prochain spectacle et album, Incarnée, de la plume de Nawel elle-même, dont elle nous a donné, Sous [n]os applaudissements émus-aimants, deux tout nouveaux titres, sera tout aussi convaincant.

 

Le site de Nawel Dombrowsky, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

« Vos applaudissements », clip 2021 Image de prévisualisation YouTube
Pour vous rassurer sur l’instinct maternel de Nawel Dombrowsky, une inédite du nouvel album
« Enfant vieille âme », avec Estelle Meyer, clip 2023 Image de prévisualisation YouTube

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